vous vous réveillez au bord d'un οὐροϐόρος liquide, un gigantesque fleuve circulaire, aux côtés de personnes venant d'autres époques, avec un point commun:

elles sont mortes.


Le postulat de Farmer - la résurrection de toute l'humanité, en même temps, en un seul lieu manifestement arrangé pour - est une base fabuleuse qui lui permet de faire revivre et se rencontrer, copiner, s'aimer ou s'affronter des êtres aussi improbables que Jean sans terre ( mais si, vous savez, le méchant frangin de richard Coeur de Lion, relisez Robin des bois ! ), Mark Twain, Alice ( oui, celle du pays des merveilles ), Richard Burton, un pithécanthrope et Ulysse peut-être...

Il fallait oser s'attaquer à ça, et il y va joyeusement sans complexe. La série nous emporte dans des aventures ahurissantes ( Mark Twain et Jean sans terre se bagarrant pour commander un navire à aubes... ). Avec très vite la certitude que cette l'humanité "second life" va juste reproduire toutes ses cochonneries à l'accéléré, la juxtaposition de tous les humains de tous les temps ne les ayant pas rendus meilleurs, au contraire...


Tout de suite les ( gros ) défauts :


- Au dictionnaire des personnages féminins, Farmer ( Philip-José, pas Mylène ) n'a que 3 entrées : 1 - La jolie fille confortablement sous-équipée en neurones ( ou qui a peut-être la délicate attention de ne pas montrer qu'elle en a ), 2 - la très méchante, 3 - l'ex-épouse avec des rides d'amertume au coin des yeux. En fait, comme nombre d'auteurs SF de son époque, il est tout bonnement incapable de se projeter dans un personnage de femme et d'écrire ( bien ) au féminin. C'est valable pour tous ses livres.

Dommage !

On se prend à rêver à quoi aurait ressemblé cette série s'il avait su la peupler de vrais personnages féminins aussi, en sortant pour une fois de son mens'club.


- Autre bémol ( moindre ) : la fin de la série est parfaitement dispensable. L'auteur s'est senti obligé, après quelques tomes de pur plaisir, de faire avancer l'intrigue vers une résolution sans intérêt.

Mais quand les auteurs comprendront-ils qu'une bonne série n'a pas besoin de fin ? Qu'une fois installé un univers, on peut raconter, raconter, puis s'interrompre sans conclure ? Qu'on lui tiendra moins rigueur d'une non-fin que d'une mauvaise fin ?


Malgré ces défauts, ne vous privez pas de sauter à bord - même en prenant l'action en cours de route - et de descendre ou remonter ce fleuve tant que vous voulez, ça vaut le détour !

moranc
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le 5 sept. 2023

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