Le mythique Monde perdu d'Arthur Conan Doyle, classique parmi les classiques du roman d'aventure, paru en 1912. D'emblée, j'avais un à priori positif à son égard. Des monstres du passé, la promesse d'un voyage à l'intérieur d'un territoire hostile et sauvage, du mystère, de l'étrangeté, la paléontologie balbutiante du début de siècle. Bref, l'envers de la couverture devait me plaire, c'était écrit.


Mais arrivé à la fin du livre, je dois avouer que l'aventure fut moins trépidante que je ne l'imaginais. La faute dans un premier temps à l'écriture, un style plat, informatif. Peut-être est-ce dû a une traduction trop littérale de l'œuvre ?


Les personnages eux, bien qu'archétypaux, sont globalement réussis. Ils possèdent leur propre personnalité, en plus d'un parlé spécifique à chacun, somme toute logique vu les différences d'âges et de milieux. Et au bout de l'épopée, de par les épreuves, ils auront évolué. Schéma classique, mais vrai progression, rien à redire à ce niveau-là. En ce qui concerne l'histoire, elle met trop de temps à débuter. Les premiers pas sur le plateau exotique tardent à venir, d'autant que l'exposition est intéressante mais inutilement étirée.
Aussi, j'aime dans les romans d'aventures, retrouver certaines digressions du narrateur, lire ses sentiments, plus globaux, parfois intimes, à l'égard de telle ou telle chose. Le genre d'incises qu'on retrouve chez Jack London ou Joseph Conrad par exemple, deux contemporains d'Arthur Conan Doyle. Malheureusement, Le Monde perdu reste obstinément terre-à-terre, sans doute dans la volonté de ne pas perdre le jeune lecteur, suspicieux devant des envolées qu'il ne comprendrait peut-être pas. Malgré tout, on ne peut pas dire qu'on s'ennuie, soyons honnêtes, le périple regorge de situations improbables et de rencontres dangereuses. La filiation avec un Jules Verne peut dès lors se faire. Si le style ne brille pas, l'imaginaire déployé nous emporte.


À dire vrai, ce livre m'a en beaucoup de points, fait penser à un autre classique de la littérature jeunesse. L'île au Trésor de Robert Louis Stevenson. Il partage cette même trame narrative du passage de l'enfance à l'âge adulte pour le héros. Héros tantôt épaulé, tantôt rabroué par une figure dominatrice. Le professeur Challenger, en l'occurrence, reprend ici les traits fantasques de Long John Silver. L'ambivalence du scientifique, explorateur répudié par ses pairs, mais hardi au pied des géants de la préhistoire, en fait d'ailleurs l'attrait principal de ce livre, sympathique au demeurant, mais pas à la hauteur des sommités du roman d'aventure.

Liverbird
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes 2017: raid sur la littérature ! et Bibliothèque de poche

Créée

le 27 avr. 2017

Critique lue 1.3K fois

19 j'aime

2 commentaires

Liverbird

Écrit par

Critique lue 1.3K fois

19
2

D'autres avis sur Le Monde perdu

Le Monde perdu
Gand-Alf
7

Quelque chose a survécu.

Le romancier Sir Arthur Conan Doyle n'est pas l'homme d'un seul héros, loin de là. En dehors du plus fin des limiers (j'ai nommé: Sherlock Holmes), l'écrivain aura rédigé un nombre conséquent de...

le 29 juin 2014

16 j'aime

2

Le Monde perdu
Sachadu54
9

Ma critique sur Le Monde perdu (1912)

Un livre pour les jeunes que j'ai trouvé passionnant avec ses personnages, son histoire et ses thématiques. Une belle aventure, mais je trouve que la fin est assez triste pour notre personnage...

le 23 août 2017

11 j'aime

5

Le Monde perdu
screamie
8

Un des meilleurs romans d'aventure

C'est simple, j'ai rarement lu mieux en terme de roman d'aventure. Il y a d'abord une galerie de personnages qui ne s'oublient pas : l'extraordinaire professeur Challenger, le professeur Summerlee...

le 16 mai 2011

9 j'aime

1

Du même critique

Star Wars - L'Ascension de Skywalker
Liverbird
6

De l'abus de la vitesse et de la lumière

Ne rien attendre d'un film, le laisser pleinement vous surprendre en atténuant les espoirs est bien souvent la meilleure manière de l'apprécier à sa juste valeur. Je suis parti dans ce neuvième volet...

le 19 déc. 2019

95 j'aime

12

Interstellar
Liverbird
9

Une madeleine dans l'espace

Les grands films éclatent les bords de l'écran. ils sont bien trop volumineux pour être contenu dans leurs cadres étriqués, bien trop grandioses pour se contenter de cette pauvre condition. Alors ils...

le 19 nov. 2014

55 j'aime

16

There Will Be Blood
Liverbird
9

Des hommes d'influence

Tout d'abord, There Will Be Blood c'est un prologue. Une immersion au fond d'une mine noire et muette où de roches insondables et compactes provoquent la volonté humaine. La pioche forcenée du...

le 19 juin 2015

51 j'aime

6