A tout seigneur, tout honneur, le Monde perdu n’est pas le premier roman d’aventure, loin de là, il n’est pas le premier à avoir mis en scène des dinosaures, et il n’est pas le premier à introduire l’idée d’un monde perdu. Malgré cela, il est sans doute le roman le plus important du genre, et a inspiré beaucoup de films et de romans qui ont pu avoir un énorme succès. King Kong, ou Jurassic Park, notamment ont té directement inspirés par le Monde perdu.
Sherlock Holmes est bien plus connu comme œuvre d’Arthur Conan Doyle, au point qu’il éclipse complètement ce livre, mais on ne peut pour autant parler d’un roman peu connu, il reste un grand succès. Paru en 1912 il bénéficie d’une grande expérience de l’auteur et la qualité d’écriture s’en ressent à tous les niveaux. Même après plusieurs relectures je ne m’ennuies pas en le lisant, et je dévore toujours les pages à grande vitesse. Je devais avoir une dizaine d’année lorsque j’ai découvert ce livre par hasard, et je l’apprécie toujours autant, si ce n’est plus. Il a pour seul défaut de souffrir, un peu, d’une vision largement dépassée des dinosaures et il faut savoir remettre leur description dans ce contexte pour mieux apprécier le roman.
En dehors de ce léger point, il n’y a rien à redire.
Le récit est écrit à la première personne, il s’agit de la correspondance du narrateur, Edward Malone, jeune journaliste qui accompagne une expédition ayant pour but de vérifier les dires du professeur Challenger. Celui-ci prétend en effet avoir découvert un plateau isolé en Amérique du sud où subsistent les descendants de créatures préhistoriques, il cite ptérodactyle et stégosaure. Le professeur Summerlee et l’aventurier gentleman Lord Roxton forment le reste de l’équipe. Au fur et à mesure des lettres adressées par le jeune journaliste à son employeur nous suivons donc les différentes péripéties de l’équipe et leurs découvertes.
Ce livre est la quintessence du roman d’aventure, Indiana Jones avant Indiana Jones, alors même que ce n’est pas vraiment ici le sujet. Jungle épaisse, menaces indigènes, explorateurs morts dont les restes sont découverts par les héros, frayeur des porteurs face à une contrée que les locaux connaissent comme maudite, abritant une créature surnaturelle, trahison des guides … on retrouve pratiquement tous les tropes du récit d’aventure, et tout fonctionne bien, apparaît naturel, presque original.
A cela s’ajoutent des personnages hauts en couleur, dotés de personnalités fort distinctes, dont les oppositions de caractères permettent des scènes de disputes qui se révèlent souvent drôles. L’humour est d’ailleurs un ressort important du roman. La comédie ne prend jamais le devant sur l’aventure, mais elle est souvent présente, réussie, et s’intégrant parfaitement avec le reste du récit. Beaucoup de cet humour vient de la personnalité hors du commun du professeur Challenger.
Il y a, bien sûr, des dinosaures et ptérosaures dans ce livre à propos de dinosaures. Mais ils se méritent. Stars du récit ils doivent être introduits petit à petit, au fur et à mesure que la crédibilité des propos du professeur Challenger est affirmée.
Nous sommes dans un récit de proto science-fiction, et il est important de le rendre un minimum crédible. Tout est fait pour que le lecteur ne se sente pas floué, forcé à croire à l’impossible. D’où la présence du professeur Summerlee, qui ne croit aucunement à la possibilité de dinosaures vivant au XXe siècle, du moins au début, et va toujours exprimer des doutes et proposer des explications alternatives tant que c’est possible. Lorsque lui-même ne trouve plus rien à redire, ne devient-il pas déraisonnable de ne pas accepter ce récit ?
En bref, il y a beaucoup de choses qui me plaisent dans ce roman, et qui plus est, il est très bien écrit. Je ne peux donc pas le recommander plus chaudement. C’est vraiment bien.
Critique tirée de mon blog.