Sans être un chef d'œuvre de littérature, Le Moscovite est un roman qui se laisse lire sans mal. Au-delà de dépeindre la conquête de Moscou par Napoléon, c’est la crise identitaire d’un homme tiraillé entre deux cultures, entre deux peuples que l’auteur nous livre. À travers l’expérience d’Armand de Croué, Henri Troyat expose celle de nombreux autres expatriés, trop français pour être russes, trop russes pour être français, et témoigne la difficulté à trouver sa place lorsque l’on est issu d’un mélange. On peut supposer que l’écrivain se reconnaisse partiellement dans le personnage d’Armand, car lui-même d’origine russe a fuit son pays après la révolution de 1917 pour trouver refuge en France, ce qui n’est pas sans rappeler le jeune de Croué ayant connu le parcours inverse après la révolution de 1789.
Outre ses questionnements identitaires, Armand sera confronté aux concessions toujours plus importantes qu’implique la nécessité de survivre en temps de guerre. Son idéal d’égalité et de justice se heurtera à l’instinct tout naturel de protéger d’abord les siens. Pris entre deux feux, au milieu des hostilités, il découvrira très vite que la ligne entre adaptation et compromission est bien vaporeuse.
Pour autant, malgré un contexte historique propice à un beau roman, ce premier tome ne me laisse pas un souvenir impérissable. La plume d’Henri Troyat m’a quelque peu déçue, les personnages se sont révélés plutôt insipides et le scénario un peu longuet à mon goût.