Romancer des faits et personnages historiques n’est pas chose aisée. Il y a toujours cette délicate relation avec la réalité ; ce jeu d’équilibriste auquel s’adonne l’auteur, mêlant fiction et faits avérés. Dumas ici s’en sort plutôt bien. Il nous plonge avec facilité dans les complots de la cour de France, avec leur lot d’alliances changeantes et de généalogies complexes. Ne pas être très cultivé sur la période concernée n’est pas un frein à la lecture, car l’auteur est clair et compréhensible.
S’il demeure difficile - comme dans chaque roman historique lorsque l’on n’a pas beaucoup de connaissances sur le sujet – de démêler le réel de la fiction, quelques recherches peuvent nous renseigner. Sans évidemment devenir un expert sur le sujet, il me semble nécessaire de s’informer un peu pour savoir quelles étaient les sources de Dumas, ce qui a été romancé, et ce qui est avéré comme s’étant réellement passé.
Concernant le roman en lui-même, et non plus son rapport avec le réel. Le style de Dumas est approprié aux histoires d’aventure qu’il raconte : il n’y a rien de magnifique dans sa manière d’écrire, mais les dialogues ne sont pas mauvais, ils sont fluides, les descriptions ne sont pas lourdes, les explications sont claires, et l’intrigue est bien menée. Manigances et retournements d’alliances ne cessent de nous tenir en haleine, créant ainsi un suspense haletant.
Ce que je reproche à Dumas, c’est de nous faire miroiter un roman parlant d’une femme - lui donnant ainsi un rôle important dans l’histoire - alors que finalement, les deux protagonistes de La Môle et Coconnas, Henri de Navarre ou même Catherine de Médicis ont une bien plus grande place que cette pauvre reine. Au fur et à mesure que l’on avance dans le roman, son importance décroit.
La Reine Margot est donc bien fade par rapport à l’image que je m’en faisais ayant lu le titre et le résumé. Les autres personnages sont cependant intéressants : La Môle et Coconnas nous offrent une belle vision de l’amitié, incarnent la figure romantique au milieu de toutes les manigances de pouvoir ; Catherine de Médicis est ici dépeinte comme le grand ennemi : une femme froide, calculatrice et très dangereuse, n’hésitant pas à recourir au poison sous toutes ses formes.
Si en 696 pages Dumas n’échappe pas à quelques longueurs, cela reste tout de même très relatif et le récit reste captivant jusqu’à la toute fin.