L'un des plus grands romans du XXè siècle.
Après avoir visionné environ une quinzaine de fois le film de Jean-Jacques Annaud avec le génialissime Sean Connery et le tout jeune Christian Slater, je me suis dit qu'il serait peut-être temps pour moi, de lire le roman du sémiologiste italien Umberto Eco. Profitant d'un cadeau de mon père, il m'a fallu tout de même environ un mois pour venir à bout de ce roman colossal. Ce fût éprouvant, mais le sujet est tant passionnant qu'il vaut la peine de s'accrocher.
L'histoire se passe dans un monastère au XIVe où un moine meurt dans des conditions mystérieuses peu avant l'arrivée du frère franciscain Guillaume de Baskerville et son secretaire, le novice Adso. Alors que son passé d'inquisiteur l'incite à mener son enquête, d'autres moines meurent dans des conditions plus étranges les unes que les autres. C'est là donc que commence le "whodunit" historique en huis-clos, en quelque sorte un Sherlock Holmes au pays des moines et des fous de Dieu.
Mêlant le genre polar avec le roman historique, Le nom de la rose est un roman qui se rapproche de son contexte avec une rare authenticité. Je rassure à l'avance ceux qui n'aiment pas les romans d'enquète, il n'y a pas que ça, bien au contraire. En plus des évènements propres à l'intrigue, le narrateur se donne la peine de toujours contextualiser son histoire dans une suite d'évènements historiques qui sont très instructifs. De plus, bien avant les romans à la mode sur les théories de complot et les théories fumeuses sur le Vatican à la Dan Brown, Umberto Eco s'est lancé sur le sujet vingt avant tout le monde et expose les revers de la religion chrétienne avec infiniment plus de génie que les autres. Une fois le roman fini, vous deviendrez incollable sur une bonne partie des querelles philosophiques et théologiques entre les différents ordres religieux entre le Xè et le XIVè siècle, mais aussi sur le mode de vie des moines à cette même époque. Mais le roman se partage aussi en plusieurs parties bien distinctes. Respectant un ordre bien précis qui donnera à la fin une dimension symbolique au récit et l'élève au rang de chef d'oeuvre. Bref, un roman dense où même la structure et les symboles jouent un rôle dans le récit. Le genre de romans qu'on trouve de plus en plus difficilement aujourd'hui.
Pour ceux qui pensent ne pas avoir besoin de lire le livre, sous prétexte qu'ils ont vu le film, je tiens à leur préciser que le film de Jean-Jacques Annaud, même s'il est plutôt bon, n'est qu'une version (très) allégée du roman. Des tas de détails n'apparaissent pas à l'écran et le film durerait sûrement cinq heures si cela avait été le cas. De plus, certaines péripéties ne sont pas les mêmes et la fin n'est pas vraiment la même non plus. Il peut être amusant à comparer les deux déroulements de l'histoire.
Bref, tout ceci est écrit d'une manière remarquablement belle et fait très plaisir à lire. Même si l'histoire se passe sur sept jours, vous mettrez sans doute plus de temps à le lire. Enfin bon, l'Illiade se passe sur trois jours et doit sûrement être encore plus éprouvant à lire. La seule chose qui puisse être reprochée à ce roman, c'est qu'il est sûrement difficilement abordable pour quelqu'un ne connaissant pas le latin et disposant encore moins d'une bonne culture philosophique et historique. Mais il vaut la peine de s'accrocher. Car sans aucun doute, au même titre que le XIXe siècle a retenu le Rouge et le noir et Madame Bovary, le XXè retiendra le nom de la Rose parmi ses chefs d'oeuvres les plus aboutis.
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