Un premier tome qui pose le ton : ce n'est pas une histoire comme les autres.
Ce roman, et la trilogie du Tueur de roi en général (bien qu'on n'ai pas encore vu ce pu**** de roi!), constitue pour moi de la fantasy de très haut niveau.
Avant toute chose, un léger synopsis : Kvothe l'arcaniste, Kvothe à la crinière de feu, Kvothe le tueur de roi est une légende, le plus grand magicien de ce monde, mort quelques années plutôt. Pourtant, Chroniqueur, un homme à la profession éponyme rencontre un jour un homme coiffé d'une tignasse rousse, dont il est certain qu'il s'agit de l'arcaniste. Et après maintes tractations, celui-ci accepte de lui raconter son histoire.
Par certain côtés, on pourrait dire que Rothfuss écrit ici la quintessence de la fantasy. C'est visible dans la légende de Kvothe, dans sa capacité quasi-surnaturelle à se sortir des emmerdes où l'a fourré sa répartie et son arrogance, dans le monde même. Car cette univers vit, on sent des touches par centaines, qui montrent en implicite tout ce qui se déroule en dehors de la scène du livre. Mais dans un autre temps, ce livre n'est pas un roman de fantasy classique. Rothfuss a dit un jour dans une interview qu'il écrit une histoire sur la fantasy, qui se moque des clichés de la fantasy. Et c'est indéniablement le cas! Kvothe ne manque pas de remarquer que, bien que son histoire corresponde dans les grandes lignes à celle du héros légendaire, de nombreux détails sont éliminés dans le mythe, voire grossis ou tout simplement rajoutés.
Mais encore plus que son histoire, je pense que le personnage de Kvothe est ce qui rend cette trilogie si incroyable. Parce que le jeune magicien, malgré ses airs de héros de la prophétie tellement intelligent qu'il se sort de toutes les embrouilles, vit véritablement sous nos yeux. Oui, il est d'un acuité mentale extrême : mais il reste un jeune garçon puis un adolescent, impatient, impétueux, maladroit avec les gens et les filles en particulier. Il peut-être arrogant, mais sait se moquer de lui-même. Et surtout, il s'agit d'un conteur magistral, en tant qu'Edema Ruh, ce peuple des chemins.
Un des coup de génie de Rothfuss est à mon sens cette maîtrise du conte de Kvothe. Car non seulement cela permet à l'auteur de développer toute sa panoplie d'écrivain à travers cette première personne, mais en plus, cela influe définitivement sur le point de vue de Kvothe. C'est parce qu'il connait tant d'histoires et qu'il sait les raconter, que le narrateur peut se permettre ses remarques sur la structure des contes et des légendes. Qu'il peut s'en moquer allègrement.
Un autre point indéniablement marquant du roman est la découverte du système de magie. Ici, la magie est presque abordée sous le cadre d'une science, avec une composante de force mentale indéniable. Quoique Kvothe (et nous par la même occasion) n'apprenions que quelques tours avec des pièces, du transfert de chaleur ou des runes, cela reste fascinant, car il nous semble le comprendre. Comme si ce système de magie était si bien pensé qu'il ne puisse qu'être vrai.
Au final, je trouve ce livre brillant, fascinant, excitant. Il y a de l'émotion, du rire, un certain suspense (quoique le fait que Kvothe soit dans ses très jeunes années atténue un peu la dimension physique), une maîtrise de la langue magnifique (dans la traduction aussi bien qu'en version originale, même si je préfère cette dernière), une histoire qui reste en nous. Elle résonne, encore et encore. Patrick Rothfuss est malin, il a disposé de nombreux indices dans le livre qui se répercutent plus tard, et les fils des intrigues secondaires, les histoires racontés à même l'histoire de Kvothe, s’entremêlent pour former ce roman formidable, qui m'a laissé tellement impressionné que je me suis rué pour acheter la suite.
Faites de même, allez chercher un exemplaire. Vous ne le regretterez pas.
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