C'est long...
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le 3 juin 2018
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Le premier opus de la saga nous plongeait au cœur d’un quartier populaire napolitain, marqué par la pauvreté et la violence, au sein duquel nous suivions l’enfance et l’adolescence d’Elena et Lila, deux jeunes filles profondément liées par une amitié complexe faite de fascination et de rivalité. Unies par leur même curiosité, intelligence mais surtout par leur volonté de s’arracher à tout prix à leur milieu social, leurs vies ont toutefois pris des tournants très différents du fait d’un seul facteur : l’accès aux études.
Tandis qu’Elena, studieuse et disciplinée a pu poursuivre l’école malgré les réticences initiales de ses parents, Lila pourtant plus vive et plus brillante a été contrainte d’y renoncer sous la pression familiale. Ce tournant décisif scinde leurs vies : Elena s’élève socialement, tandis que Lila s’enfonce dans un marasme de mauvais choix et de violences.
Et pourtant, comme un fil invisible, la domination psychologique qu’exerce Lila sur Elena persiste, indélébile, même lorsque cette dernière commence à goûter au succès. Ce contraste saisissant entre l’ascension sociale d’Elena et sa soumission intérieure est fascinant. Il révèle, avec une intensité troublante, la persistance de l’influence de Lila, qui bien que dissimulée sous les apparences du triomphe, déforme encore et toujours le regard qu’Elena porte sur elle-même.
Le premier tome offrait une exploration psychologique fascinante des personnages. Lila, magnétique et imprévisible, y exerçait une emprise quasi tyrannique sur Elena, qui, prisonnière d’une admiration teintée d’envie, ne cessait de se dévaloriser. Cette dynamique, parfois agaçante, restait néanmoins captivante à analyser tant elle révélait des mécanismes universels de pouvoir et de dépendance dans les relations humaines.
Même aux prémices de son succès en tant qu’écrivaine, alors qu’elle commence à se faire un nom, Elena continue de se sentir inférieure. Elle juge son propre roman moins remarquable qu’un texte d’enfant griffonné par Lila à l’école primaire. Son livre n’aurait pas existé sans la Fée Bleue, confesse-t-elle, reconnaissant l’influence motrice de son amie sur sa vie et son œuvre. Et peut-être a-t-elle raison. Car si leur amitié a toujours été empreinte de toxicité, Lila a également joué le rôle d’un catalyseur pour Elena, la poussant à se dépasser, à cultiver sa curiosité, et à s’améliorer sans relâche. Une rivalité destructrice, mais étrangement féconde.
Mais avec Le Nouveau Nom, le deuxième tome, mon ressenti est plus nuancé. Si le premier volet m’a tenue en haleine du début à la fin, sans aucun temps mort, celui-ci m’a semblé plus lent, par moments alourdi de redondances et de moments creux. L’envie de connaître la suite reste intacte, mais l’urgence narrative s’émousse quelque peu.
Cela dit, ce deuxième opus m’a frappée par la manière dont il approfondit un thème essentiel : la violence masculine. Déjà présente en filigrane dans L’Amie prodigieuse, elle se révèle ici dans toute sa brutalité. Ferrante explore la banalisation des coups, la soumission imposée aux femmes, et les silences complices qui en découlent, transformant cette violence en norme tacitement acceptée. Le regard que la société porte sur Lila, battue par son mari, est glaçant : au lieu de l’indignation, on trouve des jugements froids, une approbation implicite voire même explicite. Cette description sans concession de la violence patriarcale confère à ce tome une puissance beaucoup plus sombre que le premier.
Créée
le 11 janv. 2025
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