Une expérience sensorielle

Il est important de prévenir : lire Mishima n'est pas chose aisée.
Il faut l'appréhender avec sincérité : le but n'est pas tant l'histoire à mes yeux. D'ailleurs, et c'est le cas pour plusieurs de ses ouvrages (une soif d'amour, par exemple), vous connaissez la fin en ouvrant le livre. Mais Mishima avait ce regard sur le monde que peu de gens ont, comme si une symphonie sensorielle l'envahissait où que se pose son regard. C'est aussi, autre trait définissant cet écrivain, une plongée dans le Japon culturelle, voire cultuelle, et ses innombrables méandres traditionnels dont l'érosion progressive agresse le cœur de Mishima.
Le parcours de ce jeune moine, qui le mènera à incendier ce qu'il vénère le plus au monde, relève de l'initiation personnelle. C'est aussi le poids de cet héritage de traditions qui l’oppresse et le mène, consciemment ou non, vers cet acte sacrilège. Un forfait libératoire. Comme une volonté d'ouvrir les yeux sur un environnement qu'il ignorait jusque là ou plutôt que sa candeur camouflait derrière un paravent de papier.
Voilà pourquoi il me semble vain de vous résumer l'histoire car, elle ne compte pas. Ce qui compte, c'est bien la beauté des images qu'il fait surgir au détour d'un mot, d'une phrase, d'une description, dans notre esprit. Enfin, c'est le regard meurtris d'un homme illuminé sur la modernisation, jugée décadente, des mœurs de sa nation.
Une expérience fascinante.