La Beauté et le Néant

J'aborde la lecture de l'Œuvre de Mishima par Le Pavillon d'Or.

Cette lecture fut une expérience passionnante car elle a su mêler, en moins de 400 pages, une thèse philosophique majeure à une narration séduisante.

Je ne souhaite pas ici commenter toute la portée philosophique de cette Œuvre qui a déjà été largement discutée, notamment par Marguerite Yourcenar. Nous dirons simplement que par cette narration autodiégétique, l'auteur transmet au lecteur toute l'opposition entre l'immortalité de la Beauté combustible du Pavillon d'Or et la vie qui émane d'une fleur qui fane.
Le Pavillon d'Or est une œuvre philosophique majeure, faisant considérablement écho aux Frères Karamazov et à l'ensemble de l'œuvre de Dostoïevski dont Mishima était un grand lecteur. Le personnage de Kashigawa et ses aspirations sont d'ailleurs résolument Dostoïevskiens.

Je vais simplement dire ceci: l'écriture de Mishima est fascinante en ce sens qu'elle traduit parfaitement l'aptitude de la culture japonaise à savoir opposer puis rassembler le Beau et le Laid dans une poésie éclatante: la mouche qui se pose sur le sein de neige, les portes du Pavillon d'Or en bois pourri, les salles dorées émanant une odeur de moisi. Mishima sait capturer la beauté en tout, ce qui n'est pas sans me rappeler les enseignements stoïciens, dont la proximité me fascine de plus en plus.
Entre la philosophie Zen orientale et le Stoïcisme et même l'Epicurisme grecs, on relève des similitudes frappantes. Pensons aux images employées par Marc-Aurèle qui voit la beauté dans le pain qui se fendille et l'écume à la gueule du lion que nous retrouverons, en Orient sous la forme de la poudre laissée sur le rebord de la fenêtre par l'envol du Papillon.

Le Pavillon d'Or est aussi l'analyse minutieuse du mobile d'un crime.

Une Œuvre majeure par sa portée philosophique et sa poésie.