Le Peintre de batailles par Lonch de Bourgogne
Dire que j'apprécie Arturo Perez Reverte est un euphémisme. Chacun de ses livres me transporte dans un autre lieu, une autre époque, une autre vie. J'ai certes un peu de mal avec ses "romans policiers", préférant la rudesse picaresque de aventures d'Alatriste. Mais ici, nous ne sommes ni dans l'un ni dans l'autre.
Car Perez Reverte présente aussi la caractéristique d'écrire certains livres que je trouve différent, difficilement classable. Je pense par exemple à " la reine du Sud" ou bien au " Cimetière des Bateaux Sans Nom", qui tous deux dans des optiques différentes nous font vivre autre chose. et il y a évidemment le "Peintre de Bataille".
Perez Reverte fut journaliste de guerre. Cela se ressent quand on lit Alatriste, mais cela se ressent encore plus dans ce livre.
Faulques est un photographe retiré. Il a passé sa jeunesse à arpenter le monde et ses guerres, prenant en photo sur le vif la folie humaine. Puis il a décidé d'arreter, et de se consacrer à la peinture. Il veut retrouver la tradition des peintres de batailles, mais pour créer une fresque devant représenter la Guerre en elle même. Il vit donc, reclu, se consacrant à son art quand arrive un fantôme du passé, un homme qui a tout perdu en raison d'une de ses photos. S'ensuivra une reflexion sur le rôle du photographe, et donc du journaliste, devant la guerre : doit il rester neutre ? Peut il rester neutre ? Sa seule présence n'a t'elle pas une influence ?
On pourra reprocher à ce roman un peu de verbiage, un peu de temps mort, mais une réflexion, un cheminement de pensée n'est que rarement déferlement et bouleversement, aussi je trouve que le rythme est parfait. J'ai lu ce livre, l'ai refermé, et je n'ai pas cessé d'y penser pendant les jours qui ont suivi. L'important n'étant pas d'avoir été englouti par lui, mais d'avoir commencé à réflechir.
On ne peut s'empêcher de penser que Perez Reverte fait ici une sorte d'auto-reflexion sur son passé de journaliste de guerre. En tout cas, on est loin des idées de BHL ou autres philosophes de salon qui n'ont jamais vu les conflits que protégés par des hordes de soldats et/ou d'autres journalistes invités pour les faire mousser. On sait, quand on lit ce livre, que l'auteur a vu la guerre, et qu'elle l'a marqué.