Après Le Nom de la Rose, j'étais prêt pour un nouveau mystère historique criblé de digressions pluridisciplinaires par ce cher Umberto Eco. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le décollage est rude. On est tout de suite balancé dans un imbroglio obscur, avec des personnages qu'on ne connait pas trop, dans une période contemporaine bien moins évocatrice qu'un monastère médiéval. On est vite un perdu dans un récit touffu principalement constitué de dialogues entre spécialistes discutant d'innombrables complots (les Templiers, les Rose-Croix, les Francs-Maçons...) mâtinés de mysticisme juif et chrétien. Les personnages se plongent d'abord dans leur "Plan" par jeu mais finissent par y croire et s'y perdre. On pense forcément au Là-bas de Huysmans où un auteur explorait le satanisme médiéval, en beaucoup plus foisonnant. Mais il ne faut pas s'attendre à des révélations ou à un mystère qui se résout réellement : les personnages tombent seulement de plus en plus profondément dans leurs théories et leur conspirations. Umberto Eco prend le sujet à revers et livre plus une déconstruction, voire une satire, du roman d'enquête historique (ironie du sort, Le Pendule de Foucault est la matrice d'un certain Da Vinci Code autrement plus premier degré). Il n'y a pas vraiment besoin de s'y connaître vraiment sur les sujets abordés, mais il faut s'attendre à être bombardé en permanence de noms, d'évènements et de concepts obscurs. Mais finalement, même si parfois on ne comprend pas grand-chose, il y a quelque chose de plaisant à être témoin d'esprits brillants qui discutent sans fin d'histoire et de mysticisme. Il faut dire aussi que c'est rudement bien écrit (et traduit). Pour un bouquin de 790 pages aussi touffu, ça se lit plutôt bien.