Les sentiments honnêtes me touchent infiniment plus que les faux semblant et les personnages de Goriot et de Rastignac atteignent mon petit cœur. Vraiment après Eugénie Grandet je comprends enfin pourquoi Bernanos aimait tant Balzac (Je me rends compte que dès que je lis Balzac ça me fait penser à Bernanos et je vois tout de suite la filiation du grand d'Espagne avec le Roi de la littérature.) : chez Balzac tous les thèmes de Bernanos sont présents. L'innocence d'Eugènie, d'Eugène ou du papa Goriot c'est celle des saints de Bernanos qui contre balance avec le "logicien" qu'est Vautrin qui se révèle être une véritable figure tentatrice, tentant de corrompre l'âme de ce pauvre Rastignac : figure diabolique du Satan du premier livre de Bernanos mais aussi de tout le reste de son œuvre.
Par ailleurs, le personnage de Rastignac est plus subtile que Goriot, moins innocent, mais qui malgré sa haute ambition, tente de rester lui-même et de conserver son coeur pur. Ce qui le pousse à abandonner son rôle de parfait petit amant de Delphine (l'une des filles Goriot) à l'aube de son grand triomphe pour s'occuper du père de cette dernière lorsqu'il sera au bord de la mort. Cela me le rend infiniment plus sympathique que l'infâme Chardon des Illusions Perdues incapable de voir le sacrifice de son ami David et de sa soeur.
Goriot est mort par amour pour ses filles. Et mourir par amour n'est ce pas la conduite la plus chrétienne possible. Le cher papa Goriot était un véritable saint qui pardonne même à ses filles de ne pas venir le voir sur son lit de mort. Voilà une chose qui lie Eugénie et Goriot : le pardon. Le pardon aux trahisons des personnes qu'ils aimaient le plus au monde. L'amour fou qu'ils avaient au fond du cœur. Un amour tel qu'il arrive à supporter la pire douleur : celle de la trahison. La trahison de Juda contre Jésus : celle des filles Goriot contre leur père ou celle du cousin Charles contre Eugénie.
Hâte de continuer à découvrir l'oeuvre de Balzac.