Politologue, enseignant et conseiller d'un groupe parlementaire, Antoine Buéno, non sans humour et mauvaise foi assumés, nous livre une analyse politique et sociale des Schtroumpfs, en appliquant des critères de lecture à ce qui ne devrait pas l'être a priori, une société, utopique et autarcique, certes, mais avant tout destinée au divertissement des enfants.
De là, fatalement, vu la méthode employée, il en tire des conclusions effarantes, bien qu'un peu moins qu'elles en aient l'air : outre le caractère utopiste et autarcique de cette société, elle serait de type collectiviste, ce qui peut être soutenu, voire franchement communiste, à l'économie pré-industrielle, agraire et artisanale. Par ailleurs, elle porterait les symptômes du stalinisme, du fascisme et du nazisme, par son caractère intrinsèquement raciste. Son caractère autoritaire vient de son caractère corporatiste et de son absence de corps intermédiaires entre le Chef et la population. De surcroît, ce régime serait gérontocratique et sa société misogyne.
Evidemment, l'auteur de la bande dessinée, Peyo, n'a pas voulu, ni même songé, insérer de tels éléments, même de manière subliminale, dans une série destinée, avant tout, aux enfants. Néanmoins, il peut être facilement montré qu'elle reprend une série de clichés de l'époque, ce qui n'est pas dénué d'intérêt. Par ailleurs, Peyo aurait pleinement assumé l'aspect misogyne de son propos, l'outrance valant humour.
Et, ici, dans cet essai satirique, il en va de même, ce qui invalide les critiques virulentes qui ont accompagné, même anticipé sa sortie. Le pamphlet n'est que satirique, et montre également les limites de l'application à tout et n'importe quoi d'une grille d'analyse scientifique.
Ce livre, qui est bien petit et bleu et tient donc sa promesse, vaut bien le détour, pour ceux qui aiment la bande dessinée et/ou l'humour un peu cynique.