Les sciences politiques pour (/par?) les nuls...
Commençons par ma conclusion, tout personnelle : "Le petit livre bleu" se rapproche davantage d'un exercice intellectuel globalement stérile et peu rigoureux plutôt que d'un véritable essai résistant à l'analyse critique. Le postulat d'Antoine Buéno est le suivant : la société des Schtroumpfs est totalitaire, à la fois stalinienne et nazie. Toute sa démonstration tend vers cette conclusion, qu'il s'efforce de rendre irréfutable, en accumulant les renvois vers des répliques d'albums, des situations, des personnages issues des aventures des schtroumpfs, mais également des travaux anthropologiques ou ... des blogs !
Si certaines idées avancées sont quasi irréfutables (le caractère collectiviste de la société schtroumpf, la figure paternaliste du grand schtroumpf, etc) et relèvent moins de la démonstration que de la simple observation, d'autres idées essentielles au propos de l'auteur relèvent de rapprochements pour le moins simplistes.
Exemple phare : Gargamel est l'incarnation du juif capitaliste. La preuve au delà de ses attributs physiques ? Le nom de son chat Azraël se rapproche phonétiquement de "Israël". Hem... Il suffisait à l'essayiste de dire qu'Azraël est l'Ange de la mort dans la tradition hébraïque... C'est ce genre de démonstrations un peu fumeuses, proches du sophisme, qui laissent une impression manifeste de "bâclé" dans la réflexion de l'auteur. "Le petit livre bleu" pullule de ce genre d'exemples. Un autre exemple criant est cette idée qu'il n'y a pas de notion de propriété chez les schtroumpfs, alors que plusieurs albums prouvent le contraire sans aucune ambiguité.
Ce n'en est pas moins distrayant. D'une part parce que l'auteur nous remémore par ses multiples références moults aventures de Schtroumpfs, d'autre part parce que l'ensemble du propos tient à peu près la route malgré des syllogismes parfois abusifs et, plus grave encore, des contradictions d'un chapitre à l'autre.
Ça se lit vite et ça ne met pas à mal le souvenir d'enfance qu'on a des Schtroumpfs. Au contraire, on brûle de se replonger dans l'univers des petits lutins bleus de Peyo.
Et c'est bien là l'essentiel.