Ah, « Le Petit Nicolas »... Lu il y a bien longtemps, j'étais curieux de voir ce que ces aventures donneraient à travers un regard désormais adulte, ayant néanmoins toute confiance en René Goscinny pour avoir presque autant de plaisir avec des yeux d'adulte que d'enfant. Comme j'avais raison : même sans l'effet de surprise, ces récits courts, forts bien rythmés et racontés astucieusement restent des plus plaisants à suivre, surtout à travers ce vocabulaire, ce phrasé à hauteur d'enfant amenant un charme supplémentaire dans la manière dont nous vivons ces histoires formant un tout très cohérent, homogène, avec, peut-être, une légère faiblesse pour « Louisette » et « Le Petit poucet » concernant votre serviteur.
Après, il y a évidemment des choses m'ayant totalement échappé à l'époque qui m'ont paru évidentes cette fois : d'abord, les enfants des années 50-60 étaient tout aussi turbulents que ceux d'aujourd'hui et passaient leur temps à se battre (ce qui, pour le coup, est plutôt « rassurant »!), mais surtout, le ton reste extrêmement policé, « respectueux » des institutions et de la famille, les quelques rares disputes papa - maman tournant vite court. Enfin, si vous veniez à le lire d'une traite, un léger risque d'indigestion est possible, le déroulement de chaque histoire comme sa « chute » se révélant régulièrement prévisibles. Reste qu'il serait dommage de bouder son plaisir devant autant d'habileté à se plonger dans cette période si singulière qu'est l'enfance, que Goscinny (et Jean-Jacques Sempé à l'illustration, bien sûr) s'emploie à décrire avec beaucoup de malice et de filouterie : je lirai les autres volumes avec plaisir.