Cette vision de l’enfance comme une chose si positive, comme quelque chose qu’il ne faudrait pas perdre, pas oublier,... Dans Le Petit Prince, grandir n’est pas un problème tant qu’on n’oublie pas. Tant qu’on n’oublie pas ce qui est important, que l’on n’oublie pas de chercher du sens. Les “Pourquoi ?” des enfants, leur curiosité, s’opposent à la vie d’automate des adultes qui ont oublié de chercher à comprendre, oublié de se poser des questions, oublié de chercher du sens. Ces adultes qui sont partis à la poursuite de buts stériles. C'est drôle, parce que dans Peter Pan, c’est tout l’inverse : on reste enfant en oubliant, se souvenir c’est apprendre et donc grandir, être enfant c’est être égoïste et insouciant, ne pas vouloir se poser de questions,... Alors Peter Pan me dit de grandir, et Le Petit Prince me dit de ne pas grandir n’importe comment. Et au final, dans l’un comme dans l’autre, je trouve la même leçon : fuir l’aveuglement, chercher du sens, se poser des questions. Et pour moi, Le Petit Prince, c’est beaucoup plus un livre sur le sens que sur l’enfance.
J’aime le voyage dans les différentes planètes, qui montre si bien l’absurdité de tout ce qui pourtant ne semble habituellement pas si absurde. Sauf le roi, je ne comprends pas : on est censés se moquer du roi ? Parce que même si l'envie de pouvoir est risible, ce roi ne l’est pas tant que ça. Sa façon d’exercer le pouvoir est plutôt juste. Et il est juste une si bonne incarnation de la philosophie “If you can’t have what you want, want what you have”, que j’aime beaucoup.
J’aime la présentation des difficultés que peuvent représenter les relations humaines. J’ai un peu du mal avec le propos, à savoir ce qu’ils veulent dire. Mais je me reconnais tellement dans ce Renard, qui semble dire : “j’aimerais bien qu’on soit amis, mais on peut pas juste décider d’être amis parce qu’on en a envie, il faut se compliquer la vie, suivre la procédure, pour pouvoir enfin se sentir autorisés à se considérer comme des amis,...” Je ne sais pas le rapport avec l’enfance : c’était plus simple quand on était enfant, et qu’on pouvait se contenter de demander “Tu veux qu’on soit amis ?’. Mais c’est vrai aussi que l’importance des liens que l’on peut créer avec les autres, c’est quelque chose qui tend à se perdre en grandissant. J’ai plus de mal avec la fleur. Il y a l’idée du “trop jeune pour savoir aimer”, qui au final rejoins assez Peter Pan, dans l’idée que la création de vraies relations nécessite une certaine maturité. Mais il y a quelque chose que je trouve très malsain (et pourtant assez vrai bien trop souvent) dans l’idée que l’on s’attache aux gens pas forcément pour ce qu’ils sont, mais plus par habitude, pour ne pas avoir investit du temps pour rien, ou parce qu’il n’y a personne d’autre sur sa planète, par défaut,...