Aussi fou que cela puisse paraître, Bukowski ne fait pas que boire... Enfin si, mais il est difficile de boire sans le sou. Aussi, il n'a pas d'autre choix que de chercher un boulot.
La Poste ? Elle a le mérite d'accepter toute sorte d'individus, y compris des loques comme Charles qui, de façon quotidienne, arrive au boulot avec une sacrée GDB (comprendre Gueule de Bois).
Alors oui, c'est du Bukowski tout craché. Son style si simple, pourtant si particulier, nous fait passer par toutes sortes d'émotions : beaucoup de dégoût, beaucoup de folie, beaucoup d'humour... mais surtout, la façon dont il décrit son quotidien à La Poste américaine fait qu'on éprouve une certaine empathie à son égard. Même s'il a essayé de se plier au règlement et de "faire des efforts", il se rend vite compte qu'on ne le lui rend pas forcément bien :
"Pour baiser, ça j'étais baisé. Jonstone y veillait."
Quoi qu'il en soit, on ressent bien là sa façon de vivre.
Peu importe ce qu'il lui arrive ("Ensuite Joyce a exigé qu'on se marie. Pourquoi pas ? J'ai pensé, de toute façon je suis cuit."), il accepte son sort à partir du moment qu'il a de quoi picoler ("Elle buvait pas, mais moi si.").
C'est aussi intéressant de voir qu'il est quelque peu responsabilisé avec la naissance de sa fille. Il se démène pour emmener Joyce à l'hôpital à temps, il s'engage à verser une pension alimentaire, il essaye de passer du temps avec sa fille.
Bref, Le Postier est un excellent cru de Bukowski, même s'il est vrai, comme tous les autres Bukowski, ce n'est pas un livre à mettre entre les mains d'un môme.