Mais quel pied, ce roman ! Un vrai coup de cœur !
Une belle découverte tient vraiment à peu de chose. Dans le cas présent, une info glanée par hasard : cérémonie des Oscars 2021, le dernier film de Jane Campion reçoit la distinction "number one". Et dans le rôle principal, un acteur charismatique, Benedict Cumberbatch. Dans ma petite tête, je me dis que si une réalisatrice aussi talentueuse a choisi cette tête d'affiche, c'est que le personne interprété doit lui aussi être charismatique. Je découvre alors que le film est une adaptation d'un western publié dans ma bien-aimée collection Totem des Editions Gallmeister. Ni une ni deux, dans le pense-bête. Et puis, une rencontre fortuite en librairie avec ledit roman, une couverture envoûtante comme toujours chez Totem et hop, embarqué dans les fontes le cow-boy.
Dévoré en seulement quelques heures, addictif et troublant, "Le pouvoir du chien" est à la fois un western flamboyant au ton juste, un thriller qui ne dit pas son nom et un récit psychologique proche du huis-clos en plein air - oui, un concept de mon cru aussi paradoxal qu'efficace.
Mais ici, pas question de monter à cru - oh, la transition digne d'une blague paternelle ! -, on se tient bien en selle aux côtés de Phil et George, deux frères, ranchers prospères dans le Montana. Les Rocheuses en ligne d'horizon servent de décor sublime et désolé à une intrigue qui emporte le lecteur en 1925. Dans un style à la fois sobre et riche, très évocateur, Thomas Savage nous immerge avec talent dans une narration oppressante à souhait.
Phil et George sont comme les deux doigts de la main, en apparence. En réalité, on est clairement sur le registre "Je t'aime, moi non plus" ; on ne peut pas imaginer deux êtres aussi opposés par leurs intérêts et leurs caractères. George est discret, juste et bon. Phil est brillant, se croit juste mais ne parvient qu'à être un parangon d'orgueil. D'une confiance en soi stupéfiante, il est dangereusement dominateur et veille à marquer son territoire. Or, quand George ramène au ranch une épouse pourvue d'un fils déjà adolescent, Phil est pris au dépourvu et bien déterminé à ce que cette circonstance n'entrave pas sa toute-puissance sur le domaine et ses habitants. En bon manipulateur narcissique, il met en place un petit jeu de déstabilisation nerveuse qui pourrait bien être à double tranchant...
J'ai vraiment adoré cette lecture, j'ai été complètement dépaysée - ce que j'attends prioritairement de tout roman - et envoûtée par tout ce que je découvrais au fil des pages et par la tension croissante du récit. Je suis désormais impatiente de voir le film.