Roman tardif (et publié à titre posthume si je ne me trompe), "Le professeur" de Charlotte Brontë est bien moins connu que le monument "Jane Eyre". Et pour de bonnes raisons. Non que "Le professeur" ne soit pas un bon roman, c'est même un beau roman plein de sensibilité mais il n'a pas l'envergure de son aîné.
William, le narrateur, est orphelin. Issu d'une famille naguère prospère, aujourd'hui ruinée, il cherche à s'employer chez son frère industriel dans le Nord de l'Angleterre (cette partie se ressent de l'influence du superbe "Nord et Sud" d'Elizabeth Gaskell). Devant l'échec de la relation fraternelle, William passe à l'étranger et s'installe à Bruxelles en qualité de professeur dans un pensionnat de jeunes filles en fleur...
Charlotte Brontë en connaît long sur la servitude de l'état d'enseignant. Gouvernante ou professeur, elle connaît les arcanes du métier et le décrit avec précision. Il est intéressant de constater que bien qu'une femme tienne la plume, le jugement qu'elle porte sur ses consœurs n'est pas toujours tendre même si, personnellement, je le trouve plutôt juste, et toujours pondéré par l'expérience de Charlotte et de ses sœurs, des femmes de tête et de lettres dont l'existence fut tout un roman à elle seule.