Premier roman de Charlotte Brontë, qui n'a jamais été publié de son vivant et peut-être considéré comme un brouillon de sa réussite beaucoup trop méconnu, trop écrasée par l'ombre du mythique Jane Eyre, qu'est Villette, même histoire teintée d'autobiographie, même type de lieu, même cadre géographique, mêmes types de personnages.
Mais un Villette avec quelques gros défauts, une fin qui tire sérieusement en longueur, une franche xénophobie vite énervante à l'égard des Belges, des Flamands et bien sûr des Français, où bien évidemment en comparaison les Anglais passent pour une race supérieure (il y avait aussi quelques traits de ce type de xénophobie dans Villette mais beaucoup moins nombreux et moins prononcés donc moins agaçants !), et puis surtout l'auteur n'arrive pas à rendre crédible qu'elle adopte le point de vue d'un homme, psychologiquement ce n'est pas crédible. Là, on a plus l'impression qu'elle a donné au protagoniste les caractéristiques de son type d'homme, même si pour moi je l'ai trouvé, par son côté inutilement froid et par son orgueil, assez antipathique, plus que celles d'un homme.
Reste que qu'un roman qui contient un passage comme celui-là...
Belgium! name unromantic and unpoetic, yet name that whenever uttered
has in my ear a sound, in my heart an echo, such as no other
assemblage of syllables, however sweet or classic, can produce.
Belgium! I repeat the word, now as I sit alone near midnight. It stirs
my world of the past like a summons to resurrection; the graves
unclose, the dead are raised; thoughts, feelings, memories that slept,
are seen by me ascending from the clods--haloed most of them--but
while I gaze on their vapoury forms, and strive to ascertain
definitely their outline, the sound which wakened them dies, and they
sink, each and all, like a light wreath of mist, absorbed in the
mould, recalled to urns, resealed in monuments.
...ne peut pas être mauvais. Et puis une fin aussi féministe bien avant l'heure, là je dis chapeau aussi.
Un Charlotte Brontë clairement mineur, mais dont le don pour captiver le lecteur et la modernité étaient déjà là.