La vraie vie des chômeurs, sans fioritures
Dans les médias, à la télé, on parle souvent de précarité. Mais décrite par ceux qui ne l'ont jamais vécu, cette précarité sonne faux, surtout lorsque nous, qui l'avons vécu, ne savons que trop ce qu'elle peut nous faire ressentir d'impuissance et de découragement. Tout ça, c'était avant le Quai de Ouistreham. Lorsque le bouquin est sorti, je me suis dit "encore un journaliste qui va nous faire croire qu'il connait la misère alors qu'il bouffe au resto tous les midis". Mauvaise langue que je fus.. La lecture du bouquin a tout d'abord été une claque magistrale. Tout ce qu'elle dit, tout ce qu'elle relate, est simple, sans fioritures. Et pourtant tellement vrai. Pour une fois que l'auteur ne se laisse pas embarquer dans un mélo à la confiture, ça fait un bien fou, je vous assure ! L'attente d'une réponse à une candidature, la joie lorsqu'on obtient enfin un entretien, bien qu'on sache à l'avance que le combat est loin d'être remporté, les réveils à 4 heures du matin pour aller faire un travail qui n'utilise pas le quart de ce que nous sommes en mesure de donner...Tout ça est écrit, et très bien écrit, qui plus est. Florence Aubenas décrit l'amertume, cette fatigue nerveuse, cet épuisement des os qui ne nous quitte plus, mais elle parle également à merveille du feu immodéré qui nous anime lorsqu'une infime lueur se profile, de la force incommensurable que l'on est capable de déployer même au trente-sixième sous-sol.
Je m'arrête là, ce bouquin m'a tout simplement bouleversé. Un grand bravo à FA pour son travail, son implication, sa prise de risques aussi. S'il y avait davantage de journalistes qui osaient mettre les mains dans la merde, le monde de l'information serait bien plus crédible, et bien plus respecté également.
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