En ouvrant ce livre, je pensais commencer la lecture d'un bouquin sympa, et le refermer 200 pages plus tard sans grand fracas. Certains passages du début, très lyriques, sur l'engagement très gauchiste et violent du narrateur, m'ont même franchement agacée. Je croyais moyennement à cette histoire d'Antigone jouée au Liban. Et puis l'écriture de Sorj Chalandon m'a emportée. Ce livre ne parle pas seulement de théâtre, c'est une pièce dans une pièce, la fiction et la réalité se mêlent, le narrateur perd les pédales et devient peu à peu lui-même acteur de la tragédie. Est-il Antigone qui se sacrifie ou Créon qui tue aveuglement ? L'intrigue est captivante, on lit ce livre à toute vitesse, l'écriture magnifique de l'auteur nous restitue l'ambiance, les odeurs et les sons, on ferme les yeux et on se retrouve au milieu des bombes. Je crois que dans ce livre, le lecteur se fait autant avoir par l'auteur que le narrateur par le vieux Samuel. On nous propose une pièce de théâtre au Liban, et on atterrit dans quelque chose de bien plus profond, bien plus dramatique, bien plus bouleversant. On partage les angoisses de Georges, tiraillé entre le confort aimant de sa famille et l'appel brûlant de la guerre. Une seule envie une fois le livre fini : dévorer les autres livres de Sorj Chalandon au plus vite !