C'est dommage, l'idée d'origine me plaisait bien, voir comment un village de gens "normaux" vit la venue "d'étrangers". Cependant, j'ai trouvé les personnages un peu trop caricaturaux, j'aurais préféré qu'ils soient plus complexes, chacun ayant ses démons, sa part de bien et de mal.
Un homme a été tué dans le village, un "étranger", quelqu'un qui n'était pas du coin, qui est arrivé un jour, s'est baladé, a dessiné, s'est habillé bizarrement, et le village n'a pas supporté cette présence, tous ou presque se sont ligués pour le tuer. Brodeck n'était pas là lorsque cela s'est produit, de plus, il sait écrire, il a fait des études, alors on lui demande d'écrire un rapport sur "l'affaire". Quelque chose qui exonérerait la population pour que la vie puisse reprendre son cours.
En marge de ce rapport, Brodeck écrit autre chose, ce livre, sorte de journal où il se remémore les moments difficiles de sa vie. Car lui aussi, il était "l'étranger", arrivé enfant dans le village, orphelin au nom étrange provenant d'on ne sait où. Mais à l'époque, lui et Fédorine, la vieille femme qui l'avait recueilli sur la route et avec laquelle il avait voyagé à la recherche d'un endroit où se poser, avaient été plutôt bien accueillis. Bien qu'étrangers au village, l'enfant et la vieille femme ne semblaient représenter de menace, on les logea, les aida, paya les études du garçon. Mais un jour la guerre éclate, les nazis envahissent le village et demandent aux habitant de désigner les "étrangers" à envoyer dans les camps. Bien qu'il soit arrivé au village dans sa tendre enfance, il n'était pas des leurs.
Donc le thème est intéressant, mais traité avec des gros sabots et des personnages pour lesquels on ne ressent pas grand chose. Normalement, il suffit d'évoquer un camp dans un livre pour que je soit bouleversée et fasse des cauchemars la nuits, et là rien. Et la belle réflexion sur le fait que dans certaines circonstances nous sommes tous capables du pire passe à la trappe car les villageois sont tous présentés sous un jour très défavorable. On ne s'identifie pas une seconde et cela parait évident que de telles personnes vont dénoncer. Ce qui serait intéressant, ce serait d'être confronté à des personnes "bonnes", capables dans certaines circonstances du pire.