Le Roi de fer
8.1
Le Roi de fer

livre de Maurice Druon (1955)

Petit héritage de ma grand mère décédée il y a quelques années. Pas un héritage volontaire, elle ne m'avait rien légué du tout. C'est juste qu'après sa mort, il a bien fallu vider son appartement et plutôt que de tout jeter, on a demandé à chacun s'il y avait des choses à garder. J'ai donc fait ma petite visite dans sa maison que je n'avais plus visitée depuis le Nouvel An. Puisque j'étais sur le point d'emménager avec ma compagne, mes tantes m'ont proposé de récupérer son frigo, sa machine à laver, peut-être une armoire, un clic-clac, une table ronde. L'armoire, j'ai décidé de ne pas la récupérer lorsqu'en essayant de la déplacer, nous nous sommes aperçu que le fond était bien moisi et trop fragile. Le reste, j'ai pris. Depuis, j'ai dû me séparer de la machine à laver dont une partie des programmes ne fonctionnait plus ; quant au clic-clac, on attend d'avoir plus d'argent pour nous en payer un neuf car la partie coussin est très usée et on sent un peu trop les lattes sous les fesses. En plus de tout cela, il y avait quelques bouquins. Dont une vieille et grosse encyclopédie médicale (ma tante était ravie que quelqu'un récupère ce gros bouquin que son père lisait régulièrement) et la saga originelle des Rois Maudits (6 tomes, donc, puisque le 7ème est sorti une dizaine d'années plus tard). Je connaissais pas la réputation de cette série mais comme j'avais chopé une série télé portant le même nom, je me suis dit que ça pourrait bien être lié... et en effet, c'est lié. J'ai d'ailleurs longtemps hésité : est-ce que je regarde la série avant ou après les bouquins ? Je me suis lancé dans le premier bouquin en me disant que ce pourrait être intéressant de lire une partie avant de voir la série et puis de faire l'inverse. Mais je pense que je vais rester classique et ne regarder la série que quand j'aurai tout lu.


Premier bouquin intéressant, composé de trois parties. Faut bien le dire, c'est la deuxième partie la plus intéressante au niveau de la narration, la mieux écrite au niveau de la plume. La première partie souffre d'un ton professoral (qui ne quittera jamais totalement l'auteur de tout le premier tome) ; c'est-à-dire que Druon n'arrête pas d'ajouter des petits détails historiques. Alors c'est vrai que c'est chouette de lire un type qui s'y connait à ce point, on sent bien qu'il ne se fout pas de notre gueule... mais ça n'est franchement pas utile à l'histoire de tout savoir sur les us et coutumes de l'époque. Il aurait été bon de rester modeste, de ne pas en faire trop, de se concentrer davantage sur l'histoire au niveau de la phrasologie. Surtout que ce n'est pas non plus un très bon écrivain, ses phrases ne sont pas très intéressantes, sa manière de raconter est très scolaire, il ne parvient jamais à envoûter le lecteur avec un style personnel. Non, c'est vraiment un texte d'historien. Qui va digresser non pas pour enrichir le récit mais plutôt pour enrichir les connaissances du lecteur.


La deuxième partie est plus intéressante parce qu'elle est moins linéaire, que les différents points de vue adopté permettent d'avancer lentement mais sûrement dans l'intrigue. Des éléments introduits dans la première partie trouvent leur conclusion ici de la même manière qu'on récolte son blé après avoir semé les graines. L'écriture est toujours aussi peu intéressante mais la narration prend suffisamment le dessus pour faire oublier le style ampoulé.


La troisième partie est à nouveau très linéaire, comporte tout de même une rencontre intéressante (voire surréaliste) entre le roi et un sujet au beau milieu d'une chasse, mais pour le reste, c'est peu inspiré, peu intéressant, peu palpitant. C'est trop convenu aussi. Des personnages des autres parties reviennent mais n'ont pas plus d'intérêt (par exemple, la Marie dont l'auteur a spoilé la destinée et dont le rôle dans la troisième partie manque un peu de piquant).


Je trouve qu'il est dommage aussi de mélanger histoire d'amour romantique ainsi qu'intrigue amoureuse plus réaliste, c'est-à-dire avec des histoires d'amour dont on pourrait facilement douter de la sincérité. Disons que l'on peut percevoir un changement de ton, de style lorsque l'auteur parle de tel ou de tel couple.


Le style n'est donc pas terrible, l'auteur emploie des phrases à rallonge dont les ajouts ne servent à rien si ce n'est donner un cours d'histoire et étaler ses propres connaissances. L'avantage, c'est que ça rend le bouquin nettement plus facile à lire étant donné que 60 % du texte ne sert à rien concrètement, par rapport à l'histoire. On saisit donc vite l'idée, parfois l'auteur se permet même de la répéter pour être sûr qu'on ait bien compris (il est gentil), et donc ça rend la lecture encore plus rapide, pas besoin de buter sur chaque mot pour être sûr de savoir de quoi on parle.


Bref, j'ai longuement hésité à mettre un 6/10 étant donné qu'il n'y a qu'un chapitre qui vaut un bon 7/10 tandis que les deux autres valent un faible 6 (première partie) et un bon 6 (troisième partie), mais je vais rester généreux parce qu'il y a tout de même de bonnes idées et puis en plus ça se lit si vite qu'on n'a pas le temps de s'ennuyer...

Fatpooper
7
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le 29 sept. 2016

Critique lue 467 fois

4 j'aime

Fatpooper

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