Je devais étudier cette œuvre courant Noël, dans le cadre d'études supérieures nationales modernement littéraires. Le thème abordé était celui de la folie. J'ai eu 18/20, je n'en suis presque pas étonné. C'est un sujet qui me connaît.
Quand on en revient, la folie on sait la reconnaître là où elle est. On sait même un peu la disséquer, la classer, l'identifier, la déconstruire. À s'en croire presque capable de la soigner... mais cette vanité est probablement une autre forme de folie (ou de passion. Comme vous voulez. Ce n'est pas incompatible de toute manière). C'est cyclique... le fou n'est pas qu'un malade, c'est aussi un terreau.
Shakespeare lui il sait même l'écrire la folie. J'aime fantasmer sur sa période noire, celle dont on ne connaît rien. Car ses œuvres témoignent à n'en pas douter d'une connaissance de l'irraisonné. Et lui redonnent, à la folie, toutes ses lettres de raison.
Dans le Roi Lear, on les a toutes. La petite folie marginale qui amuse les lucides. La grande folie dont on ne veut pas, qu'on laisse errer dans les Landes. La folie du monde, ses tempêtes, la guerre, l'envie...
Shakespeare a dû la frôler quelque part la folie, je ne vois que ça. Dans l'écriture peut être, les personnages parfois auraient pris le dessus... Écrire sur la folie lui a peut-être permis ponctuellement de l'explorer. Le fait est qu'il transmet dans le texte ici tout le potentiel destructeur de cet état, en soi et autour de soi, mais n'oublie pas, et c'est bien sûr là qu'on rit et qu'on frissonne, de redonner à la folie sa capacité hermétique de lire entre ses propres lignes. Et entre celles des autres folies.