Nourrie au biberon de la littérature américaine, Cécile Coulon signe avec Le roi n'a pas sommeil un roman aussi sidérant dans la constitution d'une atmosphère, avec une écriture très visuelle, façon cinémascope, que dans son style, fluide et percutant, d'une douceur inquiétante, agrémenté de métaphores sublimes, qui aèrent le livre plus qu'ils ne l'alourdissent. La romancière évoque avec subtilité l'évolution du personnage de Thomas qui, au fil du temps, perd son innocence et sent de plus en plus peser sur ses épaules l'ombre inquiétante de son défunt père. Cécile Coulon ne néglige pas les seconds rôles, le plus souvent bienveillants et incapables d'arrêter le cours inéluctable de la tragédie en marche. L'histoire, en elle-même, est foncièrement sordide. Transformée par une plume délicate, réaliste et tranquillement lyrique, elle en devient lumineuse dans la noirceur, aussi belle et effrayante qu'une nuit de pleine lune. D'une splendeur fulgurante !