Après deux tomes de nouvelles plaisants quoique inégaux, la saga se mue et prend la forme de romans. L'auteur se sent alors libéré et laisse libre court à un style de qualité, ne se sentant plus bridé par le format restrictif des nouvelles.
L'écriture particulièrement vivante, soutenu par des dialogues chirurgicaux dont bon nombre mériterait d'être retenu, nous emporte ainsi dans l'éducation de Ciri, enfant du destin qui était déjà au cœur du second tome. Une famille recomposée prend ainsi naissance sous nos yeux, Geralt assumant au détriment de toute neutralité son rôle de père, tandis que les magiciennes Triss et Yennefer se chargent du côté maternel. Pour Triss, nouveau personnage à l'introduction parfaitement réussie et au background d'entré riche, il s'agit surtout de se rapprocher de notre sorceleur. Par ailleurs, elle propose à Ciri une autre vision politique que celle apathique des sorceleurs, avec une tyrade lancée à Geralt magnifique sur les sacrifices des 14 à la bataille bien connue du second tome. Courte description aux images fracassantes, servant un propos qui trouve écho dans le cœur de la jeune princesse qui a tout perdu. Pour Yennefer, en quête d'enfant depuis le premier tome et bien avant, la situation est autre, rapidement l'enfant brise sa carapace émotionnelle et son rôle de mère apparaît clair dans des scènes encore une fois très bien écrites. Pour Ciri, se pose alors la question d'avoir deux parents qui s'aiment et pourtant séparés.
De son côté Geralt assure quant à lui la traque d'un magicien renégat aux intentions troubles, mais de tout évidence malfaisantes concernant Ciri. Le chapitre sur le bateau, à la construction narrative irréprochable, le rapproche ainsi de sa proix - ou de son chasseur tout dépend le point de vue - avant une confrontation finale pour conclure le tome.
Le racisme inhérent de ce monde anime également ce tome, avec une longue partie consacrée aux rebelles elfes, à leurs choix, à leur histoire et à leur place dans cette ère turbulente.