La réputation du Seigneur des Anneaux est un peu étrange parfois je trouve. On le décrit comme une oeuvre majeure un peu chiante, hyper descriptive, qu'il faut avoir lu même si on lit pas de fantasy et puis voilà. Je sais pas trop quoi en dire sinon que c'est l'un des livres que j'ai relu le plus de fois dans ma vie et qui ma fait comprendre le sens du merveilleux. Il y a une chose extrêmement forte avec Tolkien c'est qu'on saisit avec lui que ce qui rend le merveilleux ce n'est pas ce qui est dit, mais ce qui n'est pas dit. Mais il s'agit pas de rien dire du tout non plus, il s'agit de dire juste assez pour que la personne qui vous écoute pense que vous pourriez en dire beaucoup plus si vous vous laissiez aller. Tolkien trace une carte et construit un récit. Quand vous commencez le bouquin, vous regardez l'intérieur de la carte pour voir un peu comme avance le bordel. Quand vous avez terminé la dernière page, vous regardez les bords de la carte, les lieux non-racontés, non-évoqués, toute la sombre existence du non-dit et qui donne à ce qui est dit un arrière-fond de mystère et de profondeur incroyable. Oscar Wilde a une phrase excellente pour dire ça : "C'est l'incertitude qui nous charme. Tout est merveilleux dans la brume". Tolkien a écrit un livre qui réalise de façon absolument indépassable la "brume" de Wilde. Le vertige de l'inconnu au porte de la ville est là derrière chaque page.