Bled Ruiner
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John Kaltenbrunner n’a pas fait de grandes études, il ne souhaite pas devenir maire ou sheriff de Baker, mais ce qui est certain c’est qu’il n’évolue pas au niveau des autres habitants. John traîne un lourd passif familial et la figure paternelle disparue très tôt pèse de toute son aura sur la vie de John enfant et adolescent. Il n’est tout simplement pas à sa place dans cette ville à la fois bigote et dépravée, où le communautarisme et la xénophobe ambiante l’ont vu grandir sans jamais vraiment l’accueillir. Les épreuves se multiplient pour lui, sa florissante exploitation avicole se voit détruite par une tornade, la faiblesse de sa mère malade exploitée par les méthodistes afin de démanteler l’héritage familial, les accidents de travail qui le mettent au chômage. Tous ces « coups du sort » nourrissent le ressentiment de John envers la ville de Baker, son climat et sa population, sa simple existence injuste et cruelle. Or si John possède une vraie qualité, c’est sa volonté de fer, une volonté à toute épreuve de combattre l’injustice dont il est l’objet. Il n’est pas du genre à quitter Baker pour oublier son passé, il revient plus fort pour en devenir le seigneur. Le sous-titre le dit bien mieux que moi : "le temps venu de tuer le veau gras et d'armer les justes".
Le point de vue adopté, l'histoire de John et de ses catastrophes contées par un compagnon de lutte qui ne s'identifie pas formellement, est un peu factice et assez incompréhensible. J'aurai apprécié que l'on suive le récit dans la peau du héro afin d’être au plus près de cet être étrange et fascinant. Malgré cela, le roman fascine. Au-delà de la vie de John ce sont les turpitudes de la vie rurale d’une petite ville, comme l’auteur a pu en voir pendant son enfance en Pennsylvanie, qui sont le cœur du roman. Cette communauté de Baker pourrait ressembler à n’importe laquelle des villes ouvrières pauvres des Etats-Unis, renfermée sur elle-même, droguée au sport et à l’alcool des bars, vouant évidemment une haine démesurée à la ville voisine et plus généralement à tout ce qui sort des limites de la ville. Des thèmes certes vus et revus mais que l’auteur exploite avec brio en les faisant s’entrechoquer avec la personnalité extraordinaire du héros.
Tristan Egolf nous livre un roman dense, parfois même confus mais d’une lecture paradoxalement facile et entraînante. Tous ne parviendront pas à entrer dans l’histoire et auront probablement les pires difficultés à conclure les quelques 600 pages de la version poche. Il y a de la fureur dans l’écriture de ce roman, on sent une urgence dans le déroulement de l'intrigue, l’auteur ne perd pas de temps et l’histoire est menée tambour battant. Les seuls moments descriptifs un peu plus lents le sont dans le seul but d’apporter le plus de précision possible aux injustices subies par le héros (ou bien par l’auteur ?). On ne peut échapper au parallèle entre la férocité du style et la violence de l’intrigue.
Un roman excessif qui ne peut plaire à tous, un bouquin plein de rage : 8/10
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Créée
le 14 avr. 2015
Critique lue 283 fois
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