Ce roman avait beaucoup attiré mon oeil dans les librairies, avec sa couverture de jeans et d’argent, et surtout ses tranches comme trempées dans du charbon. En ouvrant le livre, le lecteur est immédiatement plongé dans l’univers de Maxime Chattam, nous atterrissons à Mahingan Falls, avec la famille Spencer.
Je connais un peu Maxime Chattam, j’avais notamment déjà lu « Prédateurs » (2007) et « La Théorie Gaïa » (2008) que j’avais adoré, et qui font partie du Cercle de l’Homme et de la Vérité. Oui ne me jugez pas je n’ai jamais lu le premier, « Les Arcanes du Chaos » (2006).
Avec Le Signal, on entre dans un monde totalement différent. On a l’habitude des débuts de romans, surtout les polars, où le premier chapitre est un chapitre un peu particulier, à part : un meurtre, une disparition, un souvenir… Le fait est que ce n’est pas un, mais deux chapitres mystérieux qui ouvrent ainsi l’histoire dans Le Signal, avant de nous retrouver avec les Spencer.
Et pendant ce temps, l'ombre grandissait, inlassablement.
Ce pavé de 740 pages se lit vite, il est très accessible, et on se prend dans l’intrigue facilement. A certains moments de lecture nocturne, je sentais même ma poigne se resserrer sur mes pages ! Clairement, il est évident que l’on retrouve l’ambiance d’un Stephen King : Salem, l’épouvantail, la tour… Peut-être un peu trop, car à vrai dire, Le Signal fait vraiment beaucoup penser à Dôme ! Je n’en dirais pas plus…
Une histoire certes prenante, cependant une délimitation un peu trop noir ou blanche au niveau des personnages. J’ai beaucoup aimé le quatuor de base : Connor, Chadwick, Owen et Corey, la bande d’amis formée de quatre adolescents de 13 ans. Les parents de Chad, Tom et Olivia Spencer, oncle et tante d’Owen, sont également appréciables mais un peu trop lisses. Maxime Chattam explique d’ailleurs dans ses remerciements avoir puisé l’inspiration dans son propre couple pour construire les Spencer, peut-être est-ce dû à cela que les Spencer apparaissent comme la famille parfaite ?
Ce que je veux vous faire comprendre, insista Martha en se penchant
vers lui par dessus son bureau, le visage altéré par la fumée de
l'encens, c'est que l'homme fabrique ses peurs, il façonne ses mythes,
et même ses monstres.
De même, du côté des « antagonistes », Derek Cox et le shérif Warden, sont peints d’une seule teinte. Alors que le shérif Warden est totalement caricaturé, Maxime Chattam fait une vague tentative de faire paraître Derek plus « humain » en relatant quelques évènements de son passé, mais ce seulement à quelques pages de la fin du livre, en passant par la perspective d’Olivia Spencer, sans vraiment trop de profondeur ou d’utilité à l’intrigue.
Au contraire, les personnages d’Ethan Cobb, de sa collègue l’agent Ashley Foster, du voisin Roy ou encore du légiste Ron Mordecaï auraient pu être plus longuement développés, car ce sont les personnages secondaires qui présentent le plus potentiel, d’ambiguïté.
Le point noir principal cependant se trouve dans le déroulé de l’action. Les premiers deux tiers du livre sont extrêmement prenants : le lecteur s’interroge, le changement de perspective à presque chaque chapitre est opérée de façon très fluide et permet d’installer un suspens croissant.
Cependant, la dernière partie de l’ouvrage est un peu plus décevante : la fin du polar se devine facilement, et trop rapidement. Sans trop spoiler, l’on devine vite plus ou moins à quoi sont dues les meurtres (plus ou moins), et le climax du livre des dernières pages est écrit d’avance (à quelques morts près). Il ne reste donc plus trop de mystère, plus que du gore. C’est un peu le rite de passage de tout thriller fantastique : la scène finale est un étalement sur (trop) de pages de bile, de boyaux et de sang.
Dommage, malgré le talent de Chattam pour instiller une ambiance horrifique, avec un pavé de 740 pages on aurait apprécié davantage de mystère et de niveaux de lecture.
Cela étant dit, Le Signal reste un solide thriller fantastique, et je continuerai à lire Maxime Chattam.
Ma note : 6.5/10