Comme le note Lemerle dans l'introduction, le lecteur ne trouvera pas ici de discussions sur les interactions entre sociologie et biologie, ni de jugements de valeurs sur ce qu'il appelle "le biologisme". Il entend par biologisme, les discours scientifiques, médiatiques, mettant comme reine des sciences humaines la biologie, qui serait la clé pour une véritable science de l'homme unifié.
Ici il s'agit simplement de noter la popularisation des thématiques de la biologie comportementale sous ses diverses avatars (sociobiologie, évopsy, éthologie humaine), via des savants aussi diverses que François Jacob, Henri Laborit, et même l'outsider des institutions scientifiques Edgar Morin. Dans une tentative de s'éloigner de la "mort de l'homme" prôné par Foucault, du marxisme, mais également de combattre les théories racistes de la Nouvelle droite on voit apparaître ce que Lemerle appelle un "biologisme libéral". En d'autres termes un mélange de déterminisme biologique, et de self help ("nous sommes programmés par notre cerveau mais via tel méthode nous pouvons lutter contre").
Les éditions Odile Jacob, qui sont apparu à la fin des années 80 ont par ailleurs jouer un grand rôle de vulgarisateur des thèses biologisantes. Avec un catalogue bien rempli dont les sociologues sont les grands absents (à l'exception de Boudon), elles ont contribué à répandre une certaine interdisciplinarité, visant à rassembler les sciences humaines en la biologie.
L'intérêt de ce livre, est à mon sens le fait qu'il montre que le biologisme n'est pas limité à l'extrême droite mais correspond à un air du temps. Que cela soit bon ou mauvais, Lemerle laisse le lecteur seul juge.