Le talon de la botte italienne : les Pouilles cuisent sous l'ardent soleil d'été. Un homme arrive sur son âne aux heures les plus chaudes. L'endroit est désert. Les habitants sont tous à la sieste en attendant que la chaleur retombe un peu.
L'homme traverse le village sans attirer l'attention, frappe à une porte, pénètre dans la maison. Et engrosse la vieille fille qui lui a ouvert. Ce n'est pas un viol, la dame était consentante. Mais la réaction du village ne se fait pas attendre. A sa sortie, l'homme est pris à partie. Et sans l'intervention du curé, il aurait été lynché.
Ainsi démarre cette grande saga italienne, depuis les années 1870 à nos jours. Cinq générations de Scorta vont se succéder au fil des pages. L'histoire tient du huis clos tant elle se cantonne aux abords même de ce village isolé.
A travers la belle plume de Laurent Gaudé, le lecteur suit l'évolution de cette famille pauvre et à travers elle celle du village tout entier. L'insalubrité des premières décennies, la Première Guerre mondiale, l'entre-deux guerres, le fascisme et ses acointances avec la Guerre d'Espagne, jusqu'aux Trente Glorieuses et l'époque moderne qui ont tiré la région de son isolement. L'Histoire dans son ensemble se déroule tout au long du livre sans qu'aucune date ou presque ne soit jamais mentionnée.
Le soleil des Scorta, c'est un livre sur l'Italie, son soleil, ses olives, son culte de la Famille (avec un F majuscule), l'icône de la mama, ses amours et ses rancoeurs. C'est un livre sur des gens pauvres mais dignes. Des gens qui ont décidés de s'en sortir contre vents et marées. Pour leur survie et celle des leurs.
Une lecture agréable.