Nous ne sommes qu'un maillon de l'évolution
Jean-Michel Truong est un alsacien philosophe inventeur de la cybernétique assez remarquable. Il porte en lui certaines idées qu'il a tenu à exprimer tout au long de son roman qui ne manque pas parfois d'une certaine patte.
En fait, une grande partie du concept SF de ce roman repose sur une petite partie du livre "L'horloger Aveugle de Dawkins" que j'avais lu un an auparavant. D'ailleurs il recopie carrément l'extrait de ce même livre dans son roman.
A savoir ; cette idée étrange que les machines seraient amener à nous succéder dans l'histoire de l'évolution de la vie : le successeur de pierre.
A cette notion Jean-Michel Truong y ajoute d'autres ingrédients : d'abord il vit aujourd'hui en Chine, et la passion qu'il porte pour cette civilisation est palpable tout le long du récit, il oppose la civilisation occidentale, perdue et dégénérée à une civilisation chinoise, habitée d'une sagesse qui semble la rapprocher d'avantage de la vie humaine que les occidentaux semblent condamnés non pas seulement par le complot du roman mais par leur nature même.
Truong anticipe une société où les hommes vivent enfermés dans des boîtes connectés à internet 24h/24 se nourrissant de virtualité, oubliant petit à petit leur propre nature humaine tandis que les machines chargées de veiller sur l'homme semble silencieusement prendre toujours plus d'importance.
Il se mêle à cette horreur (qui m'a dégouté de moi-même et fiat beaucoup réfléchir car je passe beaucoup de temps sur l'ordinateur moi aussi) une sorte de révélation mystique sur la nature même de l'église chrétienne dont la vraie foi, perdue quelques parts en Chine n'aurait eu d'autres buts que annihiler l'humanité au profit de la machine, plus parfaite.
Le roman tourne en permanence autour de l'imperfection de l'homme : son incapacité à franchir l'ultime frontière, l'espace. Sa nature mauvaise et paresseuse. Truong n'accorde pas à l'homme ce sursaut de vie, ce défi lancé contre les dieux. Comme si il n'y avait rien à faire. Comme si l'homme lui même n'était pas en mesure de surmonter l'existence et qu'il devait abandonner la lutte pour la survie. Horrible mais édifiant.
Il y a une interprétation très juste sur l'âge d'or, la perception que nous en avons qui rejoint la notion d'évolution, qui serait simplement le fait que nous évoluons malgré nous et que contrairement à l’idéal chrétien : l'homme n'est pas l'aboutissement de l'univers et de la vie mais un simple, un vulgaire maillon.
Voilà à peu près l'ambiance du récit, avec une bonne dose d'exotisme, entre un occident post-apocalyptique à la Final Fantasy et une Chine exotique plus vraie que nature (quoique je ne suis jamais aller en Chine).
Jean-Michel Truong nous interroge sur notre avenir lointain en tant qu’espèce qui au delà de notre instinct de survie immédiat n'est pas éternel et du positionnement de la foi religieuse que nous devons adopter face à cette double vérité.
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