C'est fin, très fin, ça se mange sans faim
Après avoir lu Le Liseur de Bernhard Schlink et La Route de Cormac McCarthy, livres sur lesquels je ne pouvais pas décemment faire de critique, aussi bien écrits soient-ils (car oui ce sont de très bons livres) du fait de l'état émotionnel dans lequel ils m'ont laissé, il me fallait un livre genre BigMac littéraire: le livre prédigéré. Du coup j'ai entamé Le Symbole Perdu de Dan Brown. Je suis d'accord, j'arrive après la battaille, mais entre le moment où j'acquiers un livre, et le moment où je le lis, il me faut plus d'un an (du fait de mes achats compulsifs de livres si on me laisse seul dans un endroit avec une librairie dedans, comme une gare, un aéroport ou encore aux Halles). On m'a offert le livre à Noël 2009, je l'ai fini hier, tout va bien.
Le Symbole Perdu est d'ailleurs un livre qu'il faut se faire offrir et ne pas acheter soit-même, un peu comme tous les autres livres du monsieur d'ailleurs, on s'amuse bien en les lisant, on se prend des fous rires à chaque pages ou presque, mais finalement ça n'a rien de transcendant (et il aimerait bien ça nous transcender Dan Brown, on sent qu'il fait des efforts pour ça). Parce que oui, on rit aux éclats, mais on ne devrait pas, ce n'est pas le but: Dan Brown il veut que tu sois tendu comme si tu regardais un épisode de Dexter (saison 1 ou 2) , que ton cœur palpite, que tu sois en panique en pleine lecture. Il ne veut pas que tu sois mort de rire dans ton canapé à tel point que tes voisins du dessous se demandent si t'en fumes pas de la meilleure qu'eux.
Déjà il y a la première page, devenue une sorte de signature pour Dan Brown, qui te dis: j'ai fait des recherches, l'institut machin existe, l'ordre bidule aussi etc... Le principe est de créer une sorte de message pour le lecteur: "Tout ce que je vais te raconter est basé sur des faits réels et mes recherches, mes théories sont forcément bonnes parce que j'ai fait des recherches, prépare-toi à ce que mes révélations te retournent le cerveau et te fassent voir le monde sous une autre lumière. En plus j'ai fait des recherches tavu." et installe ainsi une confusion entre Dan Brown l'auteur et Robert Langdon le personnage. Cette page qui certes accroche la première fois qu'on ouvre un de ses livres, fait sourire à partir de la deuxième. C'est un peu une mise en bouche, sentant l'argument marketing, devenant de plus en plus grossière.
Cette fois-ci, Robert Langdon, ne court pas l'Europe à la recherche d'un complot organisé par le Vatican ou toute autre branche de l'Eglise (Anges et Démons, Le Da Vinci Code) dans le but de nous cacher des trucs que si on les savait ça changerait la face du monde, mais qui finalement ne changent rien puisque d'un livre à l'autre ces révélations sont absolument sans conséquences. D'ailleurs, malgré les pseudo-scandales que ces livres et leurs adaptations ont créés, il n'y avait pas grand chose de nouveau ou d'original: le coup de l'Eglise qui nous cache un terrible secret (Marie-Madeleine est enterrée dans le parking sous le Louvre) et les complots autour du Christ, des Templiers tout ça tout ça, c'était un peu du réchauffé. Cette fois-ci c'est à la fondation des Etats-Unis qu'il s'en prend et au merveilleux secret que ses pères fondateurs (tous franc-maçons) ont caché à Washington. Le grand méchant tatoué musclé veut découvrir ce secret pour devenir encore plus méchant, plus tatoué (si si), plus musclé, et du coup il kidnappe un pote franc-maçon de Robert pour que ce dernier l'aide à trouver ce secret perdu...
L'intrigue est vue et revue. On se doute dès la première moitié du livre de qui est le grand méchant pas beau (ce qui rend la révélation à la fin du livre de son identité encore plus comique), et on fait un gros cocktails de tous les thèmes qui font vendre : On se sert que de 20% de notre cerveau, la Franc-Maçonnerie, l'âme a un poids (voir le film 21 grammes), le complexe d'œdipe, la bible, 2012, théories du complot, la CIA... Un grand mix de toutes les thématiques qui font vendre, un peu à la manière de Lady Gaga mais version bestseller.
Certaines personnes vont se demander pourquoi alors est-ce que je lis ses livres? Parce que ça m'amuse, rien n'est plus drôle que de voir qu'il injecte dans son livre la date du 21 décembre 2012 (un de mes plus gros fou rires sur ce livre), comme s'il n'en avait pas encore assez fait. C'est pas le but du livre certes, mais ça reste du très bon plaisir coupable. Surtout grâce à la conclusion d'une banalité affligeante: toutes les réponses sont dans la bible, ton corps est un temple, Dieu est en chacun de nous (aussi original que le dernier album des Black Eyed Peas). Sans doute aussi, parce que j'aime en lisant, déconstruire un livre et son intrigue, essayer de voir comment ça va se dérouler, mes livres préférés sont bien sur les plus surprenants, et Dan Brown est reposant (même si j'avoue que la fin "Louons le Seigneur" était tellement convenue que je ne pensais même pas qu'il l'oserait).