Je ne suis pas ce que l'on appelle un socialiste mais j'aime la littérature. Je n'ai jamais lu un roman de London (j'ai juste un vague souvenir d'un dessin animé Croc-Blanc qui devait passer sur Midi les Zouzous, c'est dire) mais j'aime bien la littérature américaine (un truc qu'ils n'ont pas usurpé) alors je suis parti sans apriori.
J'ai acheté sur livre un peu par hasard. La lecture en diagonale de la quatrième de couverture m'a donné un peu envie alors je me suis dit pourquoi pas. J'ai lu la nouvelle traduction qui est apparue aux éditions Libertalia.
Voilà pour le contexte.
Est-ce que Le Talon de fer est un bon livre ? Non.
L'impression qui ressort de ma lecture est celle d'avoir lu un exposé de 490 pages sur les problèmes du système capitaliste, une apologie du système et de la pensée socialiste et de la nécessité d'une révolution pour mettre à bas le vil système capitaliste. C'est un exposé dogmatique. C'est chiant. Juste chiant. London recrache les théories marxistes, qu'il a plus ou moins comprises, en y mêlant une romance des plus plates et convenues qui soit avec comme fil rouge, une révolution à venir qui sera un échec. Le tout écrit du point de vue d'une femme, bourgeoise, qui tombe amoureuse du personnage principale. Ernst Everhard (déjà rien que le nom devrait être "drapeau rougesque"), un Gary Sue, le parfait héros, beau, fort, cultivé et avec une capacité de logos qui met à l'amende tous ses contradicteurs, dans de longs, trop longs débats, théoriques, qui ne sont qu'une pâle ressués de la pensée marxiste. Et c'est tout. Rien n'est intéressant dans ce bouquin. Quitte à lire de la pensée marxiste, autant lire Marx. Quitte à lire un bon roman marxiste, autant lire Le Bateau Usine de Kobayashi Takiji. Là, il y a de véritables personnages, une véritable intrigue et un véritable style littéraire. Parce que dans ce Talon de Fer, il n'y a rien. C'est vide. Juste de la théorie politique sous forme de roman et sans est chiant.
Le pire, c'est qu'il y a un début de bonne idée. Enfin, je n'arrive pas à savoir si London avait cette idée dès le départ ou s'il l'a eu en cours de route et prenant conscience que ses personnages étaient trop parfait. Le récit est l'autobiographie de la femme d'Everhard, la bourgeoise qui découvre le socialisme par la bouche de son amant. Le roman s'ouvre alors sur une préface, écrite dans un futur lointain, où le monde est devenu une utopie socialiste, qui remet l'ouvrage dans son contexte historique via un simili d'appareil critique. Au fil des pages, on croise un certain nombres de notes de bas de page, qui sont supposées remettre dans le contexte, minimiser certaines actions ou donner davantage de précisions sur un sujet (sans doute, l’œuvre de London pour donner un maximum de clefs de compréhension à son lecteur, selon moi) ou des notes qui servent uniquement à montrer ce que le monde socialiste pourrait être en expliquant la disparition de certaines pratiques, par exemple. Mais là encore, c'est raté. Simplement parce que, ce n'est pas assez. On aurait pu avoir un véritable roman mettant en scène plusieurs récits parallèles des mêmes évènements, alternants différents points de vue historiographiques et critiques, mais ce n'est pas le cas. Cela ne vient servir que le dogmatisme qui se déploie dans l'intégralité du livre.
Ce n'est pas un bon livre. Je ne doute pas que le reste de l’œuvre de London soit meilleure mais là, ce n'était vraiment pas bon.