Qui n'a jamais espéré entrer dans le sacrosaint lieu mystique du Palais de l'Elysée pour observer le quotidien d'un Président de la République? Qui n'a jamais voulu connaître les arcanes du pouvoir présidentiel, avec ses moments de joie intense et de dépression profonde? Ce monde obscur est désormais ouvert au grand public avec la parution du troisième tome des Mémoires du Président de la Vème République, Nicolas Sarkozy. En effet, après Passions (2019) et Le Temps des Tempêtes (2020), l'ancien Maire de Neuilly-sur-Seine évoque ici la deuxième partie de son quinquennat présidentiel, entre 2009 et 2011, période de forte intensité politique, tant sur les plans internes que internationaux.
Nicolas Sarkozy. Nul besoin de présenter plus longuement le personnage. Personnage charismatique et fascinant pour les uns. Créature repoussante et critiquable pour d'autres. Les qualificatifs ne manquent pas. Dans tous les cas, que ce soit dans le bien ou dans le mal, tout le monde sera d'accord pour dire qu'il est sans nul doute possible la définition même de l'individu qui ne laisse personne indifférent.
L'objectif de cette critique, contrairement à beaucoup d'autres, sera de commenter objectivement cet ouvrage, sans tomber dans l'écueil ô combien désagréable des sophismes et autres procès d'intention invoqués à l'encontre de son auteur. Non, Nicolas Sarkozy, n'est pas parfait. Mais là n'est pas la question. Un commentateur n'est pas un représentant du pouvoir judiciaire. Un critique littéraire n'est pas un juge et encore moins un Procureur de la République.
Or, une catégorie de la population prétendue bien-pensante n'hésite pas à torpiller les Mémoires et les souvenirs d'un ancien Président de Droite, dès lors que cela ne correspond pas à leurs idées. Tout cela n'est que fadaise et ne trompe personne. Où sont-ils ces bien-pensants lorsqu'un élu de Gauche est condamné à de la prison avec sursis en raison d'une affaire de violences conjugales? Où sont-ils lorsqu'un rappeur aux propos antisémites est accueilli à bras ouverts au sein des universités d'été EELV et LFI? La question mérite d'être posée et en dit long sur leur degré d'hypocrisie.
Ceci étant dit, concentrons nous sur le principal, le commentaire de l'ouvrage Le Temps des Combats.
Entre 2009 et 2011, la France a connu son lot de péripéties. Au sortir d'une double crise économique sans précédent ayant bouleversé l'ensemble des pays du monde d'abord, puis européens ensuite, la situation apparaît comme explosive. Les dossiers s'accumulent. Le pays apparaît comme un navire chancelant qui prend l'eau de toutes parts. Le Président de la République doit intervenir sur tous les fronts. Impossible de se réfugier dans l'inaction et l'attentisme compte tenu du contexte d'urgence. Là n'est pas le caractère de Nicolas Sarkozy. Homme d'action, il comprend que des réformes doivent être entreprises et qu'importe si cela doit écorner son image. Le Général De Gaulle disait qu' "en certaines circonstances, les hommes politiques doivent savoir se hausser au niveau des hommes d'Etat". Le Président l'a compris et fait sienne la pensée du plus illustre des dirigeants français. Il faut agir en Homme d'Etat, pas en politicien.
Tout au long de cet ouvrage chronologique, Nicolas Sarkozy prend le lecteur par la main en lui donnant des clés de compréhension pour qu'il puisse le suivre dans la résolution de chacun des dossiers en cours. Exit la langue de bois, l'opacité et la nébulosité. Bonjour la transparence, l'honnêteté et la compréhensibilité. Le lecteur en sort grand gagnant.
Au cours de ces presque 600 pages, rien n'est occulté. L'ensemble des domaines sont évoqués, du régalien à la politique politicienne, en passant par des avis donnés sur les crises internes et internationales actuelles. Nicolas Sarkozy y livre ses souvenirs et ses actes avec recul en les commentant objectivement, sans les glorifier ni les porter aux nues. Le lecteur est seul juge des actions réalisées. L'ancien ministre de l'Intérieur, de l'Economie et du Budget va même plus loin en admettant lui-même ses erreurs lorsqu'il estime ne pas être allé assez loin sur une réforme qui s'imposait. Il en ressort une grande clarté dans la lecture de cet ouvrage.
Un seul chiffre suffit à démontrer la réussite du Temps des Combats. 24 000 livres vendus en une semaine. Nul besoin de commentaire supplémentaire. Les chiffres de ventes parlent d'eux-mêmes. Le succès est total, littéraire comme commercial.
Au final, une seule question demeure. En attendant le dernier tome de ses Mémoires, Nicolas Sarkozy parviendra-t-il, en tant qu'auteur, à rester dans l'Histoire comme l'un des plus grands autobiographes politiques français, au niveau de l'immense Charles de Gaulle ? La question reste pour l'instant en suspens mais mérite d'être posée.