Mais si tu es vieux, alors peut-être que moi aussi !
J'ai eu plus de mal à le terminer. La faute à la période peut-être aussi, la fatigue participant fortement à diminuer ma capacité de concentration.
Proust évoque ici la guerre, mais plus la guerre des salons que celle au front, même s'il l'évoque et parle de ceux qui y disparaissent. Une fois de plus les jeux de paraître ont plus d'importance que la réalité et il s'en moque allègrement.
Mais le coeur du récit, c'est sa naissance. C'est le travail de l'écrivain qui va - enfin - se mettre à écrire, qui trouve matière et se met au travail après tant d'années de paresse. Réflexion sur le pourquoi de l'écriture, sur la littérature, "Le Temps retrouvé" semble presque être un justificatif aux six volumes précédents.
Le Temps joue son rôle et passe. On retrouve les personnages rencontrés par le narrateur pendant sa jeunesse plusieurs années plus tard. Il ne les reconnaît pas, les avait figés dans son esprit tels qu'ils étaient lors de leurs dernières rencontres. Constater leur vieillissement l'oblige à reconnaître le sien, comme si l'on ne vieillissait qu'à travers le regard des autres.
Moi aussi j'ai vieilli, depuis le Côté de chez Swann. J'ai pris plaisir à la lecture de ces livres, même si certains passages m'ont un peu moins plu que d'autres - les Goncourt, moi, pff. Moi qui avais peur de la longueur légendaire des phrases elles ne m'ont jamais dérangée, je ne les remarquais même plus. On s'habitue à tout, même au style de Proust.
Puis on se prend à penser à certains passages dans certaines situations de sa propre vie. On trouve sa madeleine à soi et on y repense tendrement. Quand on lit Proust on vit Proust, on mange Proust, on dort Proust. Sa façon de nous montrer la vie influence notre manière de la voir. La lecture m'a forcée à faire plus attention à certaines choses, aux détails. Car finalement, ce qui rend notre vie intéressante, ce sont les détails.