Un concentré du roman de la fin du XXème siècle
En effet, dans ce roman de Denis Guedj, dont je vous ai déjà parlé de l'un des essais, on retrouve des styles d'écrivains variés et pourtant, chacun à sa façon, si important à mon coeur de lecteur invétéré.
Tout d'abord l'esprit des tribus cher à Daniel Pennac : On y rencontre M. Ruche, libraire, philosophe et handicapé, Perrette qu'il a recueilli et qui s'occupe de sa librairie (ah ! divins secrets de nos vies qui nous mènent sur tant de merveilleux chemins), ses enfants Jonathan-et-Léa, les jumeaux, dont le tiret relie les prénoms comme les vies ainsi que Max le petit dernier, sourd de naissance, mais qui lit avec une incroyable force les mots sur les bouches qui se délient et qui sait rendre précieux chacun des mots qu'il prononce faute de les entendre. Et, bien sûr, il y a un perroquet - nommé Nofutur - amnésique suite à une rixe qui ne va pas sans me faire penser à un certain chien épileptique qui anime les pages des romans consacrés à la tribu de Belleville, les Malaussène.
De même, ce roman me fait penser à ceux de Bernard Werber car, tout comme l'auteur des « Fourmis » et d'oeuvres de bien moindre qualité, il utilise les arcanes de la science pour avancer dans cette histoire. C'est une énigme policière qui se résout sous nos yeux et avec notre consentement comme dans les romans de Werber.
Et la science me direz-vous, quelle est-elle ? Ce sont les mathématiques si rébarbatives - ces maths qui ont ruinés bien des espoirs et fait passer des nuits blanches à des générations de bacheliers - qui sont le coeur de l'histoire. Loin d'être un simple prétexte, la science mathématique nous est contée de ses origines à nos jours et, comme dans le livre consacré à la philosophie de Jostein Gaarder, c'est l'univers des mathématiques qui nous est dévoilé et transmis avec amour par ce mathématicien et professeur d'espistémologie.
A l'heure qu'il est, j'ai dépassé le milieu de ce livre et je m'achemine sereinement vers sa clôture, je n'en connais pas la fin mais déjà je peux vous dire que c'est une aventure aussi grande que celle que j'ai déjà connu dans les mots de Jostein Gaarder. Avec de l'amour, on peut tout apprendre, tout faire, tout croire. Merci Monsieur Guedj.