Maurice Auguste Aladar de Beniowski, ou Auguste Benjowski, est un comte hongrois ayant vraiment vécu dans la seconde moitié du XVIIIè. Il a raconté lui-même sa vie dans des écrits en français qui l'ont rendu célèbre à son époque et même après, mais avec le temps il est un peu tombé dans l'oubli, et personnellement je ne connaissais pas du tout le personnage avant d'avoir lu ce livre.
Prisonnier en Sibérie sur la péninsule du Kamchatka, évadé en bateau, premier explorateur (avant même James Cook!) du Pacifique Nord, il a voyagé jusqu'en Chine, pour enchaîner sur une mission coloniale/de traite, à Madagascar, au nom de la Couronne de France.
L'auteur brosse une vision très romantique de ce personnage hors du commun : sensible aux belles lettres, à l'amour et à l'esprit de justice, pacificateur... Après quelques recherches, il s'avérerait que le vrai Beniowski semblait davantage un margoulin teinté d'escroc, et qu'il a plutôt dilapidé les moyens considérables mis en œuvre pour ses missions plutôt que d'être un fidèle sujet de Sa Majesté. L'auteur insiste pourtant dans sa postface que l'homme a peut-être été un peu calomnié par l'histoire aussi..
Il n'empêche que le personnage du roman est attachant, parce qu'il incarne peut-être un peu les aspirations et doutes de l'auteur, ses questionnements sur l'humanité, et qu'il représente aussi un peu l'archétype de l'aventurier avec ses faiblesses et surtout ses forces.
Jean-Christophe Rufin n'est apparemment pas à son coup d'essai question roman historique, puisqu'il y a 20 ans il a même reçu le Goncourt premier roman pour l'Abyssin - que je n'ai pas (encore?) lu. Toujours est-il qu'il manie ici le récit épique avec une aisance et une élégance qui fait plaisir. Le langage est soigné, fluide voire même érudit; je ne pensais pas devoir encore rechercher des définitions de mots en français !
Une histoire intéressante sur ce personnage méconnu, toute romancée qu'elle soit, agréable à lire et plein de sentiments positifs, que demander de plus!