Si je voulais vraiment que ce billet soit cohérent avec la tendance éditoriale des œuvres de Jaworski, j'en ferais un tome 1 tout en laissant planer le doute quant à la publication de sa suite. Je suis un peu mauvaise langue, je vous l'accorde : ses premiers livres, Juana Vera puis Gagner la guerre, n'obéissaient pas à cette règle. C'est avec le Cycle Rois du monde que le système a commencé à se pervertir, proposant un découpage incompréhensible, introduisant un caractère aléatoire dans les parutions, et me perdant au passage, alors que j'avais pourtant beaucoup aimé les débuts de l'auteur. Bref.
Le Tournoi Des Preux, premier volume de ce qui est annoncé comme un trilogie, se déroule dans le Vieux Royaume, le même univers que les deux titres cités en début de ce billet. Le livre s'ouvre sur un duel entre deux seigneurs, Ædan de Vaumacel et Yvorin de Quéant, sous le regard de paysans médusés - je vous passe les nombreux détails et les subtilités, sachez seulement qu'il sera question de l'honneur d'une femme, de celui de l'un des duellistes et d'un enfant disparu. Puis l'intrigue, qui s'annonce complexe et riche en rebondissements, se met doucement en place. On y trouve la magie propre à la fantasy, les joutes habituelles des romans de cape et d'épée, les décors inspirés des classiques de la chevalerie, ainsi que, surtout, surtout, la langue incroyable qui distingue Jaworski du reste de ses contemporains. Car, il faut bien le reconnaître et le répéter, il écrit bien. Vraiment bien.
Mais c'est un premier volume, je l'ai déjà dit, et je m'y suis aventuré avec l'idée tenace que non seulement le livre ne m'apporterait pas la chute mais qu'en plus je n'avais aucune certitude quant à sa parution. Et c'est là que le chat échaudé, moi, celui qui craint l'eau froide, prit peur devant la tomaison du projet. Est-ce que j'avais vraiment envie de lire un premier volume sans savoir si la suite verrait le jour ? Ou si je ne serais pas passé à autre chose le temps qu'elle arrive ? Et ça a viré à la fixation. J'ai donc tourné les pages avec réserve et ne suis jamais réellement rentré dans l'intrigue, de la même manière que j'ai gardé mes distances avec les protagonistes. Même le style de l'auteur, son talent pour les réparties et sa capacité à proposer de bons personnages ou à imaginer des ambiances immersives n'y ont rien fait.
Je n'ai donc pas grand chose à reprocher à ce livre si ce n'est d'avoir été vendu pour ce qu'il est, avec honnêteté, un premier volume. Mais, ce n'est pas moi qui vais vous l'apprendre, l'enfer est pavé de bonnes intentions.
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