Grande fan de la série télévisée produite par HBO de 2011 à 2019, je me suis lancée un défi: lire l'intégrale du cycle littéraire nommé A Song of Ice and Fire en VO (ouais, ça parait quand même plus classe que le sobre Le Trône de Fer français). Hop, ni une, ni deux, me voilà avec l'intégrale 1 dans les mains. Je reviens un peu de loin car j'avais déjà tenté de lire la version française il y a 5 ans mais j'avais vite décroché à cause du style.
Certes, il faut un peu de temps pour se faire à la plume de Jean Sola (la traducteur de la saga des quatre premières intégrales) mais je fais partie de ceux qui trouvent qu'elle ajoute un vrai plus à la fresque grandiose de George R.R Martin. Un côté très archaïque. Débat clôt en ce qui me concerne.
Qu'en est-il du fond ? C'est dantesque. Je ne me croyais pas une grande fan du genre fantasy et pourtant, la sauce a prise. Le récit en point de vue apporte énormément en permettant au lecteur de se mettre dans la peau de différents personnages bien distincts les uns des autres: Ned, Arya, Daenerys, Jon, Tyrion, Bran, Catelyn et Sansa. Le génie de l'auteur vient de son extrême habilité à conter sa fable au travers de personnalités variées qui seront plus ou moins appréciées selon vos goûts personnels. De bien beaux personnages en ce qui concerne avec une préférence pour les chapitres de Jon, Ned et Sansa.
Je suis d'avis que la littérature ne doit pas qu'être agréable. Elle doit nous déranger, nous agacer, nous sortir de notre zone de confort.
Le monde moyenâgeux de Westeros y parvient tout à fait avec ses chevaliers au coeur pas aussi purs que dans les chansons qu'adore Sansa, ses hommes dont l'apparence physique ne va pas toujours de paire avec leur vraie nature et ses codes de la fantasy qui se font gentiment démontées à la moindre occasion.
Y a du sexe (pas mal même), des viols, de l'inceste, du sang, de la pisse, des déjections, de la sueur, de la boue, de la poussière. Ce monde est dépeint sans embellissement avec force cruauté. On se fait rarement des illusions car on se fait à l'idée que quasiment aucun personnage, même principal, n'a de bouclier scénaristique et peut trépasser à la page suivante de manière plus ou moins noble (souvent c'est le moins qui l'emporte).
En contre-partie, les nombreuses descriptions sur les architectures, les paysages et la nourriture (Martin adore la bouffe et ça se lit ! Ses descriptions mettent l'eau à la bouche) viennent agrémenter de manière superbe le voyage littéraire. Les intrigues sont touffues, telles des poupées russes. Touffues mais jamais incohérentes ou inconsistentes. C'est du lourd et ça tient en haleine.
Certes il faut du temps pour assimiler toutes ces noms de maisons, de maisons vassales, de routes, de fleuves, de lacs, de chevaliers, de Seigneurs...mais cela en vaut la peine. Tout cela rend ce monde très palpable et crédible même si on peut déplorer quelques lourdeurs et lenteurs par moment.
L'auteur est un vrai passionné d'Histoire et pour peu que l'on s'y connaît, on se délecte des clins d'oeil historiques comme la fameuse Guerre des Deux Roses ou le Mur d'Adrien.
Nous avons très certainement affaire à la plus grande épopée littéraire du domaine de la fantasy depuis plus de 20 ans.
Bon petit bémol pour la relation très douteuse, voire encore plus malsaine que dans la série, entre Dany et le Khal Drogo étant donné que la première a...13 ans (de manière générale, les enfants et ados principaux ont été vieilli dans la série). Mais le contexte de l'histoire peut expliquer cela.
Laissez-vous embarquer par le chant de la glace et du feu douces gens, le voyage est périlleux et plein de sensations.