Indéniablement une bonne petite claque dans ma culture fantasy.
Après les intrigues de l'Assassin Royal, ce Game of Thrones renoue avec le genre politic fantasy qui me convient bien je crois.
Parvenu à la fin de ce premier tome, j'admire les qualités d'écrivain de George R. R. Martin et, si on peut parfois reprocher un peu de bavardage en apparence superflu (descriptions ou dialogues proprement dits), je pense sincèrement que ça s'inscrit dans la construction de son histoire sur la durée.
Au registre des petits regrets toujours, la proximité un peu trop prononcée avec des oeuvres telles que l'Assassin Royal justement, ou la Belgariade par certains autres aspects (le personnage de Tyrion étant l'exemple le plus frappant pour moi, et ses similitudes avec Silk en particulier), même si la facette "magie" est pour le moment peu prononcée (j'insiste sur "pour le moment" car, par de petits indices disséminés tout au long du bouquin et bien sûr par sa fin même, je soupçonne que cela change dans les tomes qu'il me reste à découvrir).
La narration, habile et patiente je le disais, est originale par ce découpage en chapitres centrés autour d'un seul des protagonistes.
L'énorme avantage est la création d'une certaine dynamique et la multiplicité des points de vue justement, qui offre au lecteur un regard relativement objectif grâce au cumul des subjectivités.
La contrepartie en est un récit certes haletant, mais aussi haché et un peu saccadé (un peu trop) par moments, heureusement peu nombreux.
C'est un parti-pris de l'auteur, je n'en doute pas.
Game of Thrones est également, selon moi, un ouvrage exigeant en cela qu'il présente sur un temps assez court une foultitude de familles et de personnages.
Ces derniers sont agréablement fouillés, mais les relations familiales, politiques, amoureuses justifieraient amplement de se tracer un petit organigramme au fil de la lecture.
On peut s'en passer (ce fut mon cas, car je n'aime pas interrompre la lecture pour ce genre de schémas), mais ça peut vite devenir un confort nécessaire, a fortiori si vos séances de lecture sont étalées dans le temps.
J'ai pour ma part condensé ça sur quelques deux semaines, donc ça allait, mais si vous ne pensez pas y consacrer beaucoup de temps par jour/semaine, n'hésitez pas à établir une généalogie, ou en chercher une sur le Net, ça doit forcément exister.
En tout cas la galerie de personnages est très riche, l'histoire des Royaumes également, il y a un travail de fou pour donner une cohérence à l'univers, et ça se sent.
Dernier bémol, oh fort léger : j'ai fini par me fatiguer du côté monomaniaque de certains protagonistes, avec leurs phrases fétiches répétées ad nauseam.
Ned et son "Winter is coming", Arya et ses préceptes de danseuse, l'autre crétin et sa frangine avec leur "wake the dragon". Putain sans rire, on a juste envie de leur planter une dague dans la nuque pour leur faire fermer leur sale petite gueule, par moments.
Mais en dehors de ça, bon sang c'est du bonheur de bout en bout sur les 800 pages du roman.
À noter quand même un côté très cru : violence, sexe, trahison, on n'est pas chez Disney et rien n'est édulcoré. Je ne doute pas que la série TV se soit gavée avec un tel potentiel de matos racoleur.
Allons filez mauvaise troupe, z'avez ma bénédiction pour découvrir ce petit bijou à votre tour !