Le Troupeau aveugle par Hard_Cover
Austin Train a prédit la destruction de la planète. Et elle est bien proche de s'accomplir : on ne voit plus le soleil, les rivières et les mers sont pleines d'immondices, l'air est proche de la toxicité, la terre est empoisonnée.
Une armée de fidèles de Train s'est constituée, brandissant son nom comme étendard : les trainites. Certains sont pacifistes et se contentent de vivre en respectant le peu de nature qui reste. D'autres sont de véritables terroristes qui essayent d'obliger leurs concitoyens à respecter l'environnement.
Dans ce chaos ambiant, il reste peu d'espoir à l'Humanité.
Le Troupeau aveugle est un des quatre romans dans lesquels John Brunner décrit l'avenir morbide qui nous attend. Il s'est intéressé à chaque fois à une thématique différente. Dans Tous à Zanzibar (1968), il s'attaque à la problématique du surpeuplement. Avec L'Orbite déchiquetée (1969), il s'intéresse au racisme. Sur l'onde de choc (1975) lui permet d'aborder le développement de l'informatique et ses dérives. Le Troupeau aveugle (1972) s'attache à décrire les problèmes environnementaux liés aux activités humaines.
Ce roman des années soixante-dix projette le lecteur dans le début du XXIème siècle. C'était donc un récit anticipatif qui ne l'est plus vraiment. Trente ans plus tard, on se rend en effet compte que John Brunner s'est pas mal planté. Oh ! Malheureusement pas dans sa description de la Terre détruite petit à petit par ses habitants. C'est au niveau de l'époque à laquelle il la place. Car tout ce qui est décrit dans Le Troupeau aveugle peut encore arriver ! Ce sera peut-être dans cinquante ans, mais le danger n'est pas écarté. Ce réquisitoire contre la pollution, contre ceux qui exploitent sans vergogne les ressources naturelles, est toujours d'actualité.
Si dans le fond, Le Troupeau aveugle est extrêmement bon, dans la forme il est malheureusement loin du chef-d'œuvre. Comme dans Tous à Zanzibar, Brunner livre son récit en fragments. Il décrit plusieurs personnages et leurs histoires. Ces dernières se croisent, se mêlent. Normal, puisqu'ils ne sont que des éléments de la grande fresque d'un monde en destruction. Mais l'histoire en résultant est brouillonne, perd en clarté. On a du mal à se rappeler quel personnage est qui, fait quoi.
Les apartés (spots publicitaires, extraits de journaux, et cetera) enrichissent la vision du futur livrée par Brunner. Malheureusement ils ralentissent aussi le récit. Ce dernier traîne douloureusement en longueur. Et à la fin, on a l'impression que l'auteur se précipite pour terminer son roman.
Après avoir lu Le Troupeau aveugle, on n'a pas le sentiment d'avoir lu un Grand roman. Toutefois, on ne peut, à notre époque où l'écologie est une préoccupation majeure, ne pas être touché par les vérités dénoncées par Brunner. Même s'il oublie quelques éléments majeurs et commet quelques erreurs (pas d'évocation de la pollution par effet de serre notamment), le message écologiste final reste.
Encore une preuve que John Brunner avait parfaitement compris ce qui nous attend.