Le Turquetto par Marionelle
La signature sur le tableau du Titien "L'homme au gant" contient une anomalie chromatique : la couleur du T majuscule est légèrement différente de celle des autres lettres. A partir de ce détail, l'auteur brode le portrait d'un peintre oublié de la Renaissance, qui aurait été l'élève du Titien et dont toute l'oeuvre hormis ce tableau aurait été détruite. Nous suivons la vie de ce peintre fictif et les circonstances de son oubli.
J'ai aimé les descriptions de Constantinople et Venise au 16ème siècle, ainsi que les personnages secondaires. Les chapitres adoptent alternativement le point de vue de différents personnages, ce qui crée une plaisante alternance et éclaire sur le regard qu'ils portent les uns sur les autres. Cela permet également de voir de l'intérieur les différents milieux qui composent ce roman (marché aux esclaves, harem, noblesse vénitienne, clergé etc).
Si j'ai apprécié les personnages secondaires, en revanche j'ai trouvé que celui du Turquetto manquait d'épaisseur et d'humanité. Peu ou pas d'émotions ne semblent l'animer et je ne suis pas parvenue à m'identifier au peintre. Les événement les plus graves glissent sur le personnage sans l'affecter.
Cela est peut être une volonté de l'auteur, de dépeindre un personnage déjà à moitié absent de son vivant, se dirigeant vers l'oubli de son plein gré.
Au final, le roman est bien écrit, se lit facilement, recrée à merveille les ambiances des deux villes où l'histoire prend place, mais je n'ai pas été très touchée par le récit. La lecture était plaisante mais je pense que ce livre ne me laissera pas un souvenir impérissable.