Le titre de cette critique pourrait être le résumé de la majorité des courtes histoires qui constituent ce livre. A priori, ces histoires ne laisseront pas une trace indélébile dans l'âme du lecteur. On arrive finalement au bout du roman sans avoir vraiment souffert, juste en ayant parfois trouvé le temps un peu long, un léger sourire agacé mais indulgent lorsque l'auteur décrit ses personnages féminins, en songeant "aaaah, cet indécrottable lil' Jack". Vous l'aurez compris, ce n'est pas du grand Jack London, mais ce n'est pas non plus dénué d'intérêt et certaines histoires sont même plutôt plaisantes à lire (la migration vers l'Ouest américain, le naufragé qui survit seul sur son île).
Selon moi, le principal intérêt de ce livre est de nous livrer un aperçu du gloubi-boulga que pouvait être la pensée d'un autodidacte au tournant du siècle, entre darwinisme social, racialisme et essentialismes en tous genres (ethnies, femmes). London, qui écrit ce roman un an avant sa mort qu'il voit approcher et qui s'était toujours tenu du côté du matérialisme, nous fait également part de questions métaphysiques qui semblent le travailler avec force.
Ce roman a eu le mérite d'alarmer l'opinion états-unienne sur les conditions inhumaines de détention de l'époque (et qui le sont toujours par d'autres aspects : feu aux prisons) et en particulier sur l'usage de la camisole de force, ce qui empêche rien que pour cela de le classer dans la catégorie des ouvrages surnuméraires.
Tout mon respect pour ce grand écrivain du XIXe siècle, ancien prolétaire, autodidacte et socialiste jusqu'à son dernier souffle malgré toutes les contradictions qui l'habitaient. Ceci étant dit, je pense pouvoir écrire que Le vagabond des étoiles n'est définitivement pas son chef-d’œuvre !