Le sens de la vie

Sous le coup de l’émotion provoquée par la disparition de Sepulveda et le peu d’écho qu’elle suscite, je vais évoquer ce roman que je fais lire régulièrement à des jeunes de 15/16 ans et qui, à condition d’être compris, soulève régulièrement leur enthousiasme, ce qui est une prouesse…
Hymne à la forêt, hymne aux hommes qui savent vivre en harmonie avec la nature, ce court roman est une petite merveille de poésie, de sensibilité et d’engagement.
Le vieil homme éponyme ayant vécu auprès des indiens Shuars sait qu’ils ne sont pas responsables de la mort d’un homme retrouvé mutilé. Les blancs décadents et déracinés, dont la description fait penser aux personnages exilés en Amérique du sud du « Salaire de la peur », les accusent car ils ne comprennent rien aux signes, ils sont aveuglés par leur bêtise ou leur ignorance du monde et des hommes, fusil en main pour conjurer leur peur de la vie.
S’ensuit une poursuite au sein de la forêt amazonienne à l’issue de laquelle se trouvera la plus terrible leçon d’humanité qui sera infligée aux hommes, leçon donnée par une bête ou peut-être par le dieu de la forêt…
Les descriptions magistralement concises de la nature luxuriante, le jeu de piste haletant, la simplicité des situations qui accèdent à l’universel font de ce livre une réussite miraculeuse où ce grand militant qu’était Sepulveda a mis le meilleur de lui-même. Hommage lui soit rendu.