J'aime souffrir : je tiens à toujours finir un film ou un livre que je commence. C'est pour cela que j'essaye de bien choisir avant de me lancer (j'ai quand même arrêté de lire "Le potentiel érotique de ma femme" de Foenkinos dès la 1ère page et de regarder "Glass Onion 2" au bout de 10 min, je suis allergique aux clins d'œil abusifs sur la pop culture).
Aussi je choisissais ce roman dans une boîte à livre à sa couverture sombre et rouge sang et la mention du genre, "terreur", promettant de vivre des émotions intenses.
J'ai mis un mois à finir "Le Violon", une torpeur me saisissant même en plein milieu d'après midi à sa lecture. Des logorrhées interminables constituent le cœur de l'œuvre, l'auteure poussant à l'extrême les sentiments frénétiques des personnages, ce qui mène à des passages dignes d'un roman arlequin : "Levant ses bras nus, elle enlaça le fantôme, cette forme solide apparemment virile et passionnée, emplit de désir pour elle, pour sa chair dorlotée, avide de ses larmes qu'il léchait de sa langue spectrale, spectacle soudain si monstrueux que la vision s'effaça". Une tragédie intime et historique au pathos exacerbé qui trouve un sens dans son dernier tiers, tout d'abord à travers un voyage dans le temps et surtout un dernier acte tenant lieu d'apogée et de résolution des différents drames traversé de beaux passages, que l'on aurait préféré atteindre en esquivant les altermoiements sans fins.