Tomber de rideau en cocorico : dans la lignée de deux volumes ayant tissé un univers de fantasy jeunesse honorable, la conclusion du Livre des Étoiles consacre la sympathique plume d’Erik L’Homme. À ce titre, quand bien même Le Visage de l’Ombre ne révolutionne en rien le genre, ce dernier opus confirme les bonnes prédispositions de son auteur, lui qui ne se sera jamais parjuré tout en étayant à petit feu les chroniques du Pays d’Ys : une bonne note venant récompenser un chouette travail in fine.
De fait, le présent roman s’applique à dénouer les quelques ramifications d’une intrigue bien menée, leur entremêlement soulignant à merveille la maîtrise du susnommé : ainsi, bien qu’il faille convenir du classicisme patent du tout, l’auteur ne cachant en rien ses inspirations (au point d’ailleurs d’en jouer dans le cadre des mondes « certain » et « incertain »), le plaisir à la (re)lecture n’est nullement fin. De surcroît, dans la foulée d’un Seigneur Sha davantage surprenant, Le Visage de l’Ombre outrepasse parfois sa propre prévisibilité intrinsèque : cela est notamment le cas de la structure-même de sa trame, celle-ci empruntant des chemins peu attendus.
Certes, les points pivots demeurent faciles dans leur approche, le fiasco des Chevaliers du Vent reposant par exemple sur une manœuvre proprement stupide, tandis que les motivations de domination de l’Ombre sonnent diablement convenues : pour autant, outre une révélation bienvenue en ce qui concerne son identité, gageons que l’ensemble demeure cohérent. Le schmilblick autour de « l’échange » des bébés frise pour sa part le tarabiscotage en règle, mais cela n’est pas sans rappeler le lien unissant le duo Potter/Londubat : sans creuser davantage le parallèle, le procédé a surtout pour effet de conduire ses protagonistes au-devant de chamboulements significatifs.
Guillemot avait beau en avoir déjà eu vent, l’éclaircissement n’est en rien anodin : et si L’Homme ne s’épanchera pas outre-mesure sur le sujet, celui-ci aura eu pour mérite d’en aborder les tenants et aboutissants dans son épilogue : épilogue lui-même propice à une ultime couche de romance enfin actée, à ceci près que ce baiser fugace évoque parfaitement le dosage « respectueux » de l’auteur. De la fantasy mais pas que, en somme, plutôt bien agrémentée et qui épouse de son mieux le style simpliste ambiant.
Naturellement à l’ombre des mastodontes du genre, tout particulièrement Harry Potter (le modèle indépassable ?), Le Livre des Étoiles se sera malgré tout fait une petite place méritée en son sein : plaisir littéraire (et nostalgique) et satisfaction chauvine vont donc ici de pair.