Derleth, le Saint Paul de Lovecraft
Le problème avec les compilations lovecraftiennes dans lesquelles August Derleth a mis ses gros doigts boudinés, c'est qu'elles dénaturent complètement l'oeuvre originelle du Reclus de Providence. Lovecraft écrivait du fantastique froid, rationaliste et amoral; Derleth a voulu plaquer dessus une vision manichéenne de lutte cosmique entre le Bien et le Mal, et a cherché une correspondance gratuite entre les créatures du Mythe et les quatre éléments alchimiques. Et, pire encore, il écrivait comme un pied. Relisez les dernières pages du "Retour d'Hastur", on dirait un fanfic de Godzilla commis par un gosse de dix ans.
Alors, oui, Derleth a probablement sauvé Lovecraft de l'oubli, et ça mérite nos louanges. Mais il s'est comporté comme Saint Paul envers Jésus, ou comme Lénine envers Marx si vous préférez.